18 bars engagés dans le projet «Commander un Angelot»
Dix-huit bars du Québec, dont 7 à Montréal, participeront dans les prochaines semaines à la phase pilote du projet «Commande un Angelot» pour lutter contre la violence sexuelle. L’initiative s’implantera dans des bars fréquentés par la communauté étudiante, mais elle pourrait s’étendre à d’autres d’établissements.
Dans ces bars, une personne se sentant menacée pourra désormais commander un Angelot, un cocktail fictif qui mettra immédiatement le personnel en alerte.
«Dès qu’elle le commande, le protocole est automatiquement enclenché. Il va baliser l’intervention du personnel, qui est formé pour agir de manière adéquate», a expliqué Mylène R.E Lokrou, la porte-parole de l’organisme «Sans oui, c’est non!», partenaire du projet.
D’abord, la victime sera prise en charge par le personnel du bar, qui lui propose de l’emmener dans un lieu calme et sûr. Une fois en sécurité, plusieurs options lui seront proposées, comme d’appeler un proche, un taxi ou la police. L’employé du bar devra par la suite remplir un rapport, qui servira au suivi de l’initiative afin de connaître le nombre d’Angelot commandés.
Pour savoir s’il est possible de commander un Angelot dans un bar, un autocollant sera posé sur la devanture de l’établissement. Tous les bars de la phase pilote n’ont pas encore cet autocollant, la formation de leur personnel n’étant pas encore terminée.
La Maisonnée, bar bien connu des étudiants de l’Université de Montréal, fait partie des premiers participants de la phase pilote. «Avant, on agissait d’instinct pour gérer une situation problématique. Là, tout le monde va agir de la même façon et c’est ça, qui est fantastique. On a une structure pour pouvoir intervenir de la bonne façon», s’est réjouie Stéphanie Juteau, copropriétaire de la Maisonnée depuis 20 ans.
L’Alliance pour la santé étudiante du Québec (ASEQ), à l’origine du projet, espère qu’une cinquantaine de bars à travers tous le Québec participera à cette initiative. Déjà, d’autres établissements ont manifesté leur intérêt.
Pour participer à cette initiative, les bars devront former tout leur personnel. La formation s‘effectue par le biais d’internet et porte sur les gestes à poser pour aider une personne en détresse, mais aussi sur la sensibilisation aux agressions sexuelles. Pour garder un contrôle sur l’application du protocole, des «clients mystères » iront commander des Angelot pour évaluer la gestion du personnel.
En plus des organismes «Sans oui, c’est non !» et «Ni viande ni Objet», le projet a reçu le soutien du gouvernement du Québec. La ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Hélène David, a déclarée qu’après les agressions sexuelles survenues à l’Université Laval et les dérapages de certaines initiations organisées à la rentrée scolaire, il était temps d’agir. «2017 a été une année historique en matière de changement de culture sur le harcèlement, a-t-elle mentionné. Je suis ravie de voir la mobilisation générale dans les collèges et les universités pour dire « ça suffit ».»