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TransCanada évoque la possibilité de laisser tomber Énergie Est

Photo: Jeff McIntosh/PC

La compagnie TransCanada a fait savoir jeudi qu’elle suspendait pour 30 jours sa demande pour le projet Énergie Est qui est actuellement sous étude par l’Office national de l’énergie (ONÉ).

Dans un communiqué, la compagnie sise à Calgary dit qu’elle «évaluera attentivement» son projet à cause des changements annoncé par l’ONÉ dans son processus d’analyse des projets.

L’organisme fédéral a annoncé le mois dernier qu’elle examinerait notamment les émissions de gaz à effet de serre émis par la transformation du pétrole brut qui circulerait depuis l’Alberta jusqu’aux Maritimes dans le nouvel oléoduc.

«Nous pourrons comprendre comment ces changements affectent les coûts, l’échéancier et la viabilité de notre projet», poursuit-on. TransCanada évoque même la possibilité que le projet Énergie Est soit abandonné. On tente de rassurer les investisseurs que «si le projet devait tomber», cela n’affecterait pas le rendement de l’entreprise et n’aurait aucun impact sur le fait que les investisseurs revoient leur argent.

L’oléoduc de 4500 kilomètres doit acheminer 1,1 million de barils de pétrole par jour des sables bitumineux de l’Alberta et de la Saskatchewan jusqu’au Nouveau-Brunswick, en passant donc par le Québec et l’Ontario. Le pétrole est destiné aux raffineries de l’est du pays, mais aussi aux marchés d’exportation, à partir du port de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

L’annonce de TransCanada concerne aussi l’application projet Eastern Mainline, une conduite de 279 kilomètres qui serait vouée au transport de gaz naturel. Les propositions d’Eastern Mainline et d’Énergie Est ont été soumises ensemble puisque, si elles se concrétisent, un gazoduc préexistant serait converti en oléoduc.

Le directeur d’Équiterre, Steven Guilbeault, ne se dit «pas du tout» étonné par cette débâcle, puisque l’annonce de l’ONÉ avait selon lui enfoncé «un clou de plus dans le projet» le mois dernier.

En entrevue avec La Presse canadienne, Patrick Bonin, de Greenpeace Canada, abondait dans le même sens.

«Il est très évident que TransCanada ne veut pas passer un vrai test au niveau des émissions de GES parce qu’elle sait très bien que ce projet-là serait littéralement recalé», a-t-il exposé.

M. Bonin souligne que le projet Énergie Est fait face à un «mur d’opposition au Québec», en plus d’aller à l’encontre des engagements du Canada dans la lutte aux changements climatiques, notamment en vertu de l’accord de Paris.

Steven Guilbeault dit d’ailleurs observer peu d’engouement à l’égard de ce projet d’oléoduc du côté du gouvernement de Justin Trudeau.

«On ne peut pas faire une chose et son contraire, a renchéri M. Bonin. Énergie Est est l’équivalent d’ajouter, en termes de pollution, sept millions de véhicules sur les routes.»

Les deux environnementalistes voient dans l’annonce de vendredi un signe de détresse de la part de TransCanada.

«Je pense qu’il y a un message qui est envoyé actuellement aux actionnaires de la part de l’entreprise: c’est que ce projet-là est solidement dans le trouble», a avancé M. Bonin.

«Pour nous, TransCanada est aussi bien de tirer la plogue au lieu de se faire souffrir comme ça, a-t-il poursuivi. Les gens sont de plus en plus conscients que c’est un projet qui est mauvais pour l’environnement, qui menace l’eau potable, qui va à l’encontre des droits des Premières Nations.»

Patrick Bonin estime qu’il s’agit d’un troisième revers essuyé dans ce dossier.

En 2015, TransCanada avait déjà dû renoncer à son projet de terminal maritime et de réservoirs de stockage de pétrole à proximité du port de Gros Cacouna, une zone du Bas-Saint-Laurent fréquentée par des bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent.

Puis, il y a un an, le processus d’audiences publiques de l’ONÉ sur le projet d’oléoduc Énergie Est avait déraillé lorsqu’on a appris que deux membres de la commission avaient rencontré en privé l’ex-premier ministre Jean Charest, qui était alors consultant pour TransCanada. En janvier, l’Office a décidé d’invalider toutes les décisions de l’ancien comité et de reprendre tout le processus depuis le début avec un nouveau comité.

Pour Steven Guilbeault, la suspension des applications auprès de l’ONÉ représente «un pas de plus» vers l’avortement du projet — une «inévitabilité».

«Je ne serais pas surpris si à la fin de cette période d’étude, TransCanada décide de mettre le projet sur la glace formellement ou simplement de le retirer, a-t-il lancé. Ce projet-là est un projet du XIXe siècle qu’on a essayé de faire passer au XXIe siècle.»

L’annonce de TransCanada concerne aussi l’application projet Eastern Mainline, une conduite de 279 kilomètres qui serait vouée au transport de gaz naturel. Les propositions d’Eastern Mainline et d’Énergie Est ont été soumises ensemble puisque, si elles se concrétisent, un gazoduc préexistant serait converti en oléoduc.

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