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Plainte de Boeing: Couillard se dit inquiet

Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — À quelques heures d’une décision du département américain du Commerce concernant la CSeries, le premier ministre Philippe Couillard se dit inquiet pour les employés de Bombardier et les travailleurs de l’industrie aéronautique.

Après avoir reçu le rapport du Conseil consultatif sur l’économie et l’innovation, lundi, à Montréal, celui-ci a concédé que la décision de Washington attendue mardi pourrait avoir des répercussions au Québec.

«L’impact de cette décision risque d’être très embêtant et difficile à gérer, a dit M. Couillard au cours d’une mêlée de presse. Je suis inquiet pour les travailleurs de l’aéronautique. Il y en a des dizaines de milliers au Québec.»

Le premier ministre n’est toutefois pas allé jusqu’à se prononcer sur la possibilité que les orientations de l’administration Trump dans ce dossier puissent se traduire par des pertes d’emplois à court terme chez l’avionneur québécois.

En 2016, selon Aéro Montréal, le secteur aéronautique québécois représentait 39 130 emplois.

Dans sa plainte, Boeing (NYSE:BA) allègue que ce sont les aides gouvernementales octroyées à Bombardier — comme l’injection de 1 milliard $ US dans la CSeries — qui ont permis à l’entreprise d’offrir de généreux rabais à Delta Air Lines. Bombardier aurait ainsi pu décrocher une importante commande pour 75 appareils CS100 l’an dernier.

Le géant de Chicago demande l’imposition d’un droit compensatoire d’au moins 79,41 pour cent, ainsi que d’un droit antidumping de 79,82 pour cent.

Même si des mesures punitives sont annoncées, il n’y aura pas d’impact immédiat pour Bombardier, étant donné que les premières livraisons destinées au transporteur aérien d’Atlanta ne doivent débuter qu’au printemps 2018.

Interrogé, M. Couillard n’a pas dit clairement que Québec viendrait en aide aux travailleurs québécois qui se retrouveraient au chômage en raison des répercussions de la plainte de Boeing. Il a toutefois ajouté qu’il relevait de la responsabilité d’un gouvernement de se préparer aux éventualités.

«Je n’irai pas dans les détails, a-t-il répondu. Attendons la décision finale avant d’aller plus loin.»

Cette dispute commerciale a même incité le gouvernement Trudeau à se mêler du dossier en laissant entendre qu’il pourrait abandonner son plan d’acheter 18 avions de combat Super Hornet, construits par Boeing, pour plusieurs milliards de dollars.

De plus, pas moins de 10 sénateurs américains et membres de la Chambre des représentants ont jusqu’ici rappelé à Washington de ne pas négliger les retombées économiques générées par Bombardier au sud de la frontière. Par ailleurs, le cinquième transporteur américain en importance, JetBlue, a joint sa voix à Spirit Airlines et Sun Country Airlines pour défendre la CSeries.

Entre-temps, la plupart des analystes financiers, ainsi que l’avionneur québécois, s’attendent à ce que les autorités américaines annoncent l’imposition de droits préliminaires sur les CSeries qui seront livrés au sud de la frontière.

À plus long terme, Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, croit que Bombardier est bien positionnée pour remporter son combat contre son rival américain.

«En présumant que (Washington) décide d’imposer des droits préliminaires, Boeing devra prouver qu’elle a subi des torts en lien avec la commande de CSeries de Delta», écrit l’analyste dans une note envoyée par courriel.

M. Poirier souligne que le géant de Chicago n’était même pas sur les rangs pour décrocher la commande de Delta, que le contenu américain de la CSeries est d’environ 50 pour cent et que Bombardier représente de nombreux emplois au sud de la frontière.

Une autre mauvaise nouvelle guette également la société québécoise, puisque les géants européens Siemens et Alstom pourraient annoncer mardi un regroupement de leurs activités ferroviaires, ce qui pourrait nuire à Bombardier Transport.

Les géants allemand et français ont confirmé la semaine dernière qu’ils discutaient à propos d’une éventuelle fusion, ce qui leur permettrait de concurrencer le géant chinois du matériel roulant China Railway Rolling Stock Corporation (CRRC).

Plus tôt cette année, des reportages avaient fait état d’échanges entre la multinationale québécoise et Siemens afin de regrouper Bombardier Transport — dont le siège social se trouve à Berlin, en Allemagne — et Siemens Mobility Rail Solutions, une coentreprise qui fabrique des trains ainsi que de l’équipement de signalisation ferroviaire.

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