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Louis Audet incite les gens d'affaires à parler

Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Habitué de partager son avis sur des sujets d’intérêt public, le président et chef de la direction de Cogeco, Louis Audet, incite le milieu des affaires à sortir de l’ombre et à suivre son exemple.

Au terme d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal, lundi, dans laquelle il a notamment abordé la montée du populisme, l’éducation ainsi que le seuil d’acceptabilité des référendums, M. Audet a estimé que les gens d’affaires ne s’exprimaient pas assez.

«Je trouve que notre responsabilité sociale ne relève pas seulement du bon roulement de nos entreprises, a-t-il lancé en point de presse. C’est aussi de dire ce que l’on pense. Je pense (…) que nous sommes capables de contribuer au débat public. Je me permets de le faire.»

L’homme d’affaires, qui assure ne pas caresser d’ambitions politiques, est l’un des rares du Québec inc. à utiliser les tribunes à sa disposition pour livrer le fond de sa pensée.

Celui-ci avait entre autres profité d’un passage devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à l’automne 2015 pour exhorter le gouvernement fédéral à accueillir 100 000 réfugiés annuellement au pays.

«Il s’agit d’engagement social. Je pense que c’est important de profiter de la chance que l’on a (…) de voir des choses et de les commenter», a affirmé M. Audet.

Selon le grand patron de Cogeco, les gens d’affaires sont souvent présents dans les communautés, mais de façon plus discrète, comme en s’occupant de financement pour des causes caritatives ou culturelles.

Populisme et référendum

M. Audet y est allé de son analyse après avoir exprimé son inquiétude à propos de la montée du populisme un peu partout dans le monde, ce qui l’a incité à commander un sondage sur la question.

Il s’est montré surpris des conclusions dévoilées par la firme CROP, qui suggère que 60 pour cent des Canadiens seraient enclins à se ranger derrière un candidat populiste lors d’un scrutin.

«Nous pouvions nous douter que les germes du populisme étaient présents au pays, a commenté le président de la firme, Alain Giguère. On parle d’un nouveau candidat, qui veut freiner l’immigration le plus possible, travailler sur l’identité du pays et qui s’engage à ne plus représenter les élites.»

Le coup de sonde de CROP a été réalisé du 24 au 29 août — peu après l’arrivée de milliers de demandeurs d’asile à la frontière québécoise — auprès de 1053 personnes âgées de 18 ans et plus au Canada.

M. Audet s’est inquiété de constater que le Canada n’est pas à l’abri de la montée du populisme, qui a notamment été constatée aux États-Unis avec l’élection du républicain Donald Trump ainsi qu’à plus d’un endroit en Europe.

Par ailleurs, lorsque vient le temps pour les populations de se prononcer sur des questions comme l’indépendance, près de 56 pour cent des répondants ont estimé qu’une majorité simple n’était pas suffisante pour qu’une proposition soit acceptée.

Selon le coup de sonde, cette proportion devrait osciller entre 65 pour cent et 69 pour cent.

«Regardez ce qui est arrivé au Royaume-Uni (où 51,9 pour cent des Britanniques ont voté en faveur du Brexit), a dit M. Audet. C’est une tragédie. L’Union européenne est déchirée. Les banques sont en train de quitter Londres pour aller s’installer à Francfort ou Paris. Les gens n’avaient pas voté pour cela.»

L’homme d’affaires a expliqué qu’il ne comptait pas entreprendre d’autres démarches, comme la création d’un regroupement du milieu des affaires, afin de stimuler le débat public. Selon lui, de simples sorties publiques sont suffisantes pour stimuler les discussions.

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