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Le Canada contre Boeing: les origines du litige

Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Une rencontre particulière sur l’avenue Pennsylvania à Washington au printemps dernier a fourni les premiers indices du gouffre qui sépare le gouvernement canadien et la plus grande entreprise de l’aéronautique au monde.

Des représentants de Boeing avaient à ce moment clos à la hâte une réunion à l’ambassade du Canada à la suite d’une conversation tendue avec l’ambassadeur.

Ils étaient arrivés pour discuter affaires avec le gouvernement canadien. Le géant de la construction d’avions espérait ajouter une vente d’avions de combat de plusieurs milliards de dollars à ses 94 milliards de dollars américains de recettes annuelles.

Mais cette visite est tombée le même jour où Boeing déposait une plainte contre le plus grand joueur de l’aéronautique du Canada, le bien plus petit avionneur Bombardier. Elle est aussi survenue alors que les hôtes canadiens en avaient été avertis peu de temps auparavant.

Le mot s’est passé jusqu’au bureau de l’ambassadeur David MacNaughton au dernier étage environ une heure avant le dépôt de la plainte, qui a entraîné cette semaine l’imposition d’énormes droits compensatoires préliminaires de près de 220 pour cent sur les ventes de la CSeries de Bombardier.

Deux sources affirment que l’ambassadeur leur a transmis un message semblable à ce qui est maintenant le mantra public du gouvernement canadien: «Je ne fais pas des affaires avec des gens qui me poursuivent» et «Vous ne devriez pas traiter vos clients de cette façon».

Les représentants de Boeing ont décidé qu’il valait mieux partir. La rencontre était terminée.

Le gouvernement canadien a appris de Boeing que la société est déchirée entre deux impératifs: conclure la vente de matériel militaire au Canada et éviter de reproduire ce qu’il perçoit comme étant une erreur colossale de son histoire.

L’entreprise l’a déclaré publiquement.

Dans une entrevue accordée à La Presse canadienne, Marc Allen, le président de la division internationale de Boeing, a déclaré: «Nous avons pu observer un autre rival entrer sur le marché d’une manière très similaire.»

Ce compétiteur c’est Airbus, dans les années 1970.

Le consortium d’intérêts français, allemands et britanniques Airbus a commencé petit sur le marché américain, avec des subventions européennes qui soutenaient ses avions bimoteurs et monocouloirs. Mais sa gamme de produits et ses avions ont pris de l’élan, et, dans les années 1990, l’entreprise est devenue un géant américain à part entière, empiétant sur de petits joueurs comme McDonnell Douglas.

Airbus aspire à présent à occuper 50 pour cent du marché américain alors qu’elle a ouvert sa première usine d’avions commerciaux à réaction aux États-Unis.

Boeing prétend craindre que ce cauchemar se répète. Après la vente par Bombardier de 75 avions de taille moyenne à Delta Air Lines, elle a déposé une plainte qui se veut fondée sur les différentes formes d’aide gouvernementale canadienne et québécoise à Bombardier.

Or, il est bon de rappeler que Boeing est de loin le récipiendaire numéro un de subventions du gouvernement américain. L’entreprise a obtenu 14,4 milliards $ US sous différentes formes d’aide depuis les années 1990, selon le site internet Subsidy Tracker.

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