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La majorité du miel contaminé par des pesticides

Photo: Getty Images/iStockphoto

WASHINGTON — En récoltant du miel à travers le monde, des chercheurs ont découvert que les trois quarts de leurs échantillons présentaient le même pesticide soupçonné d’être derrière le déclin des populations d’abeilles.

Ce même type de produit chimique a été décelé dans le miel issu de Tahiti, en plein coeur de l’océan Pacifique — ce qui illustre bien son caractère envahissant, ont souligné les auteurs de l’étude, publiée jeudi dans la revue «Science».

Ils ne font toutefois pas état d’un problème de santé publique puisque les taux détectés étaient bien en deçà des seuils tolérés par les gouvernements.

Le principal auteur de l’étude, Edward Mitchell, professeur en biologie à l’Université de Neuchâtel, en Suisse, souligne que l’analyse des chercheurs «démontre l’ampleur de la contamination».

Les abeilles mellifères ne font pas que produire du miel: près du tiers de l’alimentation de l’humanité dépend des plantes qu’elles pollinisent.

Au cours des dernières années, plusieurs études, tant en laboratoire que sur le terrain, ont établi un lien entre les néonicotinoïdes, qui attaquent le système nerveux des insectes, et l’affaiblissement des ruches, bien que les fabricants de cet insecticide contestent ces observations.

Les experts attribuent le déclin des abeilles à miel et d’autres pollinisateurs à ce produit toxique, mais aussi aux parasites, au réchauffement climatique, aux maladies et à un manque de diversité dans leur approvisionnement alimentaire.

L’Amérique du Nord fait piètre figure
Les abeilles se contaminent lorsqu’elles se nourrissent dans des champs traités aux néonicotinoïdes. Des 198 échantillons analysés, 75 pour cent des miels en présentaient au moins un type, contre 45 pour cent qui en comportaient deux ou plus.

Le miel d’Amérique du Nord a fait piètre figure: les échantillons issus du continent étaient contaminés dans 86 pour cent des cas, contre 57 pour cent de ceux provenant d’Amérique du Sud.

Or, une experte indépendante de l’Université du Nebraska, Judy Wu-Smart, signale que les chercheurs ont utilisé trop peu d’échantillons pour tirer d’aussi vastes conclusions.

Une porte-parole de Syngenta, qui produit des néonicotinoïdes, a pour sa part soulevé que les taux détectés dans les échantillons «sont cinquante fois plus bas que ce qui pourrait avoir de possibles effets sur les abeilles».

La professeure de l’Université d’Illinois Sydney Cameron a elle aussi exprimé quelques réserves quant à l’étude, mais s’est tout de même réjouie que le sujet fasse les manchettes.

«Il s’agit d’un rapport important ne serait-ce que parce qu’il attirera beaucoup d’attention sur le problème émergent de la dépendance mondiale aux produits agrochimiques, dont nous connaissons très peu les effets secondaires», a-t-elle signalé.

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