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ALÉNA:Trudeau et Peña Nieto ne baissent pas les bras

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick
Stephanie Levitz, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MÉXICO — Le premier ministre Justin Trudeau et le président mexicain Enrique Peña Nieto ont tous deux affirmé qu’ils demeurent investis dans les discussions avec les États-Unis sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Les deux dirigeants ont livré ce message lors d’une conférence de presse conjointe, jeudi soir, à la suite de longues discussions bilatérales à Mexico.

Leurs commentaires faisaient suite à la présentation par les négociateurs américains cette semaine d’une soi-disant clause de résiliation qui viendrait mettre fin à l’accord au bout de cinq ans si les trois pays ne la renouvellent pas.

Certains observateurs ont laissé entendre qu’une telle clause serait une «pilule empoisonnée» qui pourrait torpiller les négociations.

Mais M. Peña Nieto a déclaré que tout ce qui se dit sur l’impact des négociations en cours à l’extérieur de la table elle-même ne constitue que des spéculations.

Et pour sa part, M. Trudeau a affirmé que le Canada ne quitterait pas la table de négociations à cause de certaines propositions, mais resterait plutôt pour discuter de ces propositions.

«Nous n’allons pas réagir quand les gens avancent des idées avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Ce sont des négociations, on comprend comment ça fonctionne. On reste axé sur le fait que nous savons que nous avons des opportunités d’améliorer cet accord pour créer des bénéfices pour nos citoyens au Canada, mais aussi pour les citoyens de nos pays amis et partenaires dans l’ALÉNA», a déclaré M. Trudeau.

Trudeau au Mexique pour réaffirmer les liens commerciaux et politiques

L’approche mixte de diplomatie à la fois formelle et publique du gouvernement libéral était pleinement déployée, jeudi, pour la première visite officielle du premier ministre Justin Trudeau au Mexique.

Le protocole mis en place pour l’accueil en grande pompe du couple Justin Trudeau et Sophie Grégoire à l’aéroport de Mexico a été suivi par une cérémonie commémorative visant à souligner les efforts du Mexique pour repousser une invasion américaine dans les années 1850 — une image frappante alors que le Canada et le Mexique se demandent comment résister aux demandes musclées des États-Unis dans la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Des dizaines de journalistes mexicains étaient à l’aéroport pour accueillir la délégation canadienne. Le président Enrique Peña Nieto était présent en compagnie de hauts responsables politiques dont le ministre des Affaires étrangères, Luis Videgaray, et le sous-ministre pour l’Amérique du Nord Carlos Sada.

Si l’ALÉNA demeure au coeur de la rencontre bilatérale de jeudi avec le président mexicain Enrique Peña Nieto, le gouvernement du Canada joue aussi sur un tableau à plus long terme.

Le mandat présidentiel de M. Peña Nieto pourrait tirer à sa fin, des élections étant prévues en 2018. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui poussent les négociateurs à tenter d’obtenir un nouvel accord de libre-échange avant la fin de l’année.

L’un des objectifs du voyage de Justin Trudeau est justement de préparer le terrain afin de maintenir une bonne relation avec la personne qui succédera à M. Peña Nieto.

Justin Trudeau doit prendre la parole devant le Sénat mexicain vendredi pour réaffirmer que le Canada considère le Mexique comme un partenaire majeur et qu’il souhaite maintenir une bonne collaboration.

Jeudi, le premier ministre et sa femme se sont rendus dans des lieux endommagés par les deux séismes du mois dernier. Des dizaines de milliers de résidences et d’appartements ont été détruits lors des deux tremblements de terre de septembre. Au moins 369 personnes ont perdu la vie lors de la deuxième secousse.

M. Trudeau et Mme Grégoire ont visité un centre de distribution de produits essentiels de la Croix-Rouge, où ils ont donné des produits pour bébé, de la nourriture et des produits ménagers.

Pessimisme

Les dirigeants du Canada, des États-Unis et du Mexique semblent de moins en moins optimistes face à la survie de l’ALÉNA. Avant sa rencontre avec M. Trudeau, mercredi, le président américain Donald Trump a déclaré qu’il serait tout à fait acceptable que l’accord commercial soit purement et simplement annulé.

M. Trump a aussi dit être prêt à conclure un accord bilatéral de libre-échange avec le Canada si les négociations entourant l’ALÉNA, qui impliquent aussi le Mexique, échouaient — une éventualité à laquelle M. Trudeau ne ferme pas la porte.

Lors de sa visite à Washington mercredi, Justin Trudeau a reconnu pour la première fois la possibilité que l’Amérique du Nord se retrouve sans ALÉNA.

Plus tôt cette semaine, le ministre mexicain des Affaires étrangères a dit que ce ne serait pas la fin du monde si son pays décidait de renoncer tout simplement à l’accord. Il a aussi prévenu que le Mexique n’accepterait pas d’entente «limitée» ni de «commerce dirigé».

Le président du Mexique, Enrique Peña Nieto, a promis de continuer à défendre l’accord, mais certains de ses collaborateurs ont commencé à préparer le terrain en vue d’un éventuel échec.

Pour sa part, l’ancien ambassadeur du Mexique aux États-Unis, Arturo Sarukhan, a reproché à «nos amis canadiens d’être passés bien près, à plusieurs reprises, de nous abandonner». Il s’est ensuite demandé ce que le Mexique devrait faire pour s’assurer que le Canada demeure engagé envers la conclusion d’une entente tripartite.

Questionné au sujet d’une éventuelle entente bilatérale avec le Mexique, M. Trudeau a dit savoir que d’autres voies pourraient être explorées, et qu’elles le seraient au besoin.

«Je continue de croire en l’ALÉNA; je continue de croire que de travailler ensemble en complémentarité, à travers le continent, demeure ce qu’il y a de mieux à faire pour nos citoyens et la croissance économique. Ça nous permet d’être plus solides pour faire compétition au reste de l’économie mondiale», a déclaré le premier ministre Trudeau.

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