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Du saumon génétiquement modifié vendu au Québec?

Photo: aquabounty.com
Sidhartha Banerjee, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La première cargaison de saumon génétiquement modifié dans le monde a été livrée au Canada plus tôt cette année et a vraisemblablement été écoulée au Québec, selon des groupes environnementaux.

L’enquête menée par les trois organisations a constaté que 4,5 tonnes métriques du poisson avaient été envoyées du Panama vers le Québec.

«Les consommateurs québécois sont probablement les premiers à avoir mangé à leur insu un animal génétiquement modifié», a déclaré Thibault Rehn, du réseau montréalais Vigilance OGM, en entrevue avec La Presse canadienne, jeudi.

Les groupes ont utilisé des données fédérales sur les importations pour confirmer que la firme américaine AquaBounty Technologies a réalisé les premières ventes de ce saumon entre avril et juin 2017, comme elle l’affirme.

«Cette cargaison est différente des autres parce qu’elle représente plus de saumon que ce qui est habituellement vendu par le Panama au Canada», a indiqué la coordonnatrice du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies, Lucy Sharratt.

Le Panama est le seul endroit où l’entreprise produit du saumon génétiquement modifié. Il contient du matériel génétique provenant du saumon quinnat et d’une autre espèce de poisson, la loquette d’Amérique, pour l’aider à atteindre sa taille adulte plus rapidement.

Le mystère demeure quant aux acheteurs de la cargaison arrivée au Canada. La plupart des grandes chaînes de supermarchés du Québec, dont Métro, IGA et Provigo, ont assuré qu’elles ne vendaient pas de produits de la mer génétiquement modifiés.

AquaBounty, qui possède une usine à l’Île-du-Prince-Édouard, n’a pas précisé à quelle entreprise le saumon a été vendu.

«Il a pu se rendre n’importe où, dans des restaurants, des hôpitaux ou des universités par le biais des entreprises de services alimentaires», a avancé Mme Sharratt.

Un produit approuvé au Canada

AquaBounty a reçu l’approbation de Santé Canada et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments l’an dernier pour vendre le produit.

Santé Canada n’impose aucun étiquetage particulier aux aliments modifiés génétiquement, faisant valoir que leur valeur nutritive et leur innocuité sont conformes aux normes.

Les groupes environnementaux estiment que les consommateurs ont le droit de savoir ce qu’ils mangent.

«Les Canadiens ne savent pas où les aliments génétiquement modifiés sont vendus, a déploré Mme Sharratt. Il n’y a pas d’étiquetage obligatoire pour les aliments génétiquement modifiés, y compris ce saumon.»

M. Rehn aimerait que le gouvernement du Québec respecte la promesse faite par les libéraux en 2003 d’étiqueter les aliments génétiquement modifiés.

Québec travaille actuellement sur sa politique bioalimentaire. Un sommet à ce sujet est prévu le 17 novembre à Québec.

«Ça n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui alors que les premiers animaux génétiquement modifiés sont vendus sur le marché», a insisté M. Rehn.

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