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Les émissions de méthane en Alberta seraient sous-estimées

Photo: Archives Métro
Bob Weber, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

EDMONTON — Une nouvelle recherche conclut que les émissions réelles de méthane de l’industrie des hydrocarbures en Alberta seraient grandement sous-estimées.

Les chercheurs croient que l’écart entre les estimations officielles et les taux réels suggère que l’industrie devrait doubler ses cibles de réduction des émissions de méthane si l’Alberta souhaite toujours atteindre son objectif de 45 pour cent de réduction d’ici huit ans. Matt Johnson, professeur à l’Université Carleton d’Ottawa et auteur de l’étude, estime que le portrait est encore plus sombre que ce que l’on croyait jusqu’à maintenant.

En vertu des normes actuelles, l’industrie n’est tenue de dévoiler que la quantité de méthane rejeté dans l’air lors de l’opération appelée «torchage». Or, les émissions dites «fugitives» — provenant par exemple de fuites dans les valves des canalisations — ne peuvent être qu’estimées à l’heure actuelle.

L’étude du professeur Johnson est la première à mesurer sur le terrain, par voie aérienne, les émissions réelles de méthane, un gaz à effet de serre 30 fois plus puissant que le gaz carbonique. Des avions-capteurs ont survolé des milliers de puits de pétrole et de gaz naturel à Red Deer et à Lloydminster sur une période de 10 jours l’automne dernier. Les chercheurs ont par ailleurs pu distinguer les émissions de méthane provenant de l’activité industrielle et celles produites par le bétail.

Ces mesures ont été comparées aux chiffres publiés par l’industrie et aux estimations contenues dans le plus récent Inventaire national des rejets de polluants, réalisé par le gouvernement fédéral. À Lloydminster, l’étude conclut que les émissions de méthane de cette région de «pétrole lourd» étaient 3,6 fois plus élevées que ce que l’on croyait jusqu’à maintenant.

Par contre, à Red Deer, les chiffres du professeur Johnson concordent sensiblement avec ceux avancés jusqu’à maintenant. L’étude confirme cependant que les émissions fugitives, qui ne sont pas réglementées à l’heure actuelle, représentent 94 pour cent des émissions totales de méthane.

Le gouvernement fédéral et celui de l’Alberta se sont engagés à réduire d’ici 2025 les émissions de méthane de 45 pour cent par rapport à leur niveau de 2012. La province a déjà réservé 40 millions $ des recettes de sa «taxe sur le carbone» pour réduire les émissions de méthane de 500 000 tonnes.

L’industrie a été jusqu’ici plutôt favorable à une réduction des émissions de méthane — après tout, ce gaz naturel rejeté dans l’atmosphère vaut son pesant d’or. Ottawa estime d’ailleurs que ses propositions de réglementation, déposées ce printemps, pourraient coûter 3,3 milliards $ sur une période de 18 ans, mais que la récupération du méthane «perdu» pourrait rapporter 1,6 milliard $ — et donc éponger la moitié des dépenses encourues.

Les résultats de l’étude du professeur Johnson sont publiés dans la revue «Environmental Science and Technology», une publication de la Société américaine de chimie.

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