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Des probiotiques pour les chauves-souris

HO / La Presse Canadienne Photo: HO

Des chercheurs canadiens mettront bientôt à l’essai une nouvelle tactique pour combattre une maladie qui a déjà tué des millions de chauves-souris à travers l’Amérique du Nord.

«Le temps commence vraiment à presser parce que ce champignon est à quelques centaines de kilomètres de Vancouver, explique Cori Lausen, une biologiste de la Société de la conservation de la faune du Canada. Il est très probable que cette maladie apparaisse ici ce printemps.»

Le syndrome du museau blanc a déjà été détecté dans 31 États américains et cinq provinces canadiennes. Il tue les chauves-souris qui hibernent en les forçant à se réveiller et à brûler de l’énergie pour se nettoyer.

«Les chauves-souris emmagasinent une quantité limitée de gras, dit Mme Lausen. Plusieurs mourront tout simplement de faim cet hiver.»

Et celles qui survivent jusqu’au printemps, ajoute-t-elle, ne font souvent pas long feu, puisque le champignon ronge des trous dans leurs ailes.

On tente actuellement de combattre la maladie en aspergeant les chauves-souris avec un fongicide naturel ou chimique. Il faut toutefois commencer par trouver où hibernent les petits mammifères. De plus, la technique ne semble rien faire pour freiner la propagation de la maladie et elle introduit des substances dans l’écosystème délicat d’une cave, où elles pourraient avoir des conséquences indésirables.

La maladie a été détectée l’an dernier au sud de Vancouver, près de Seattle, mais elle n’a pas encore été vue en sol canadien à l’ouest du Manitoba.

«Il m’est devenu évident qu’on devait faire quelque chose de différent dans l’Ouest, explique Mme Lausen. Si on peut se concentrer sur quelque chose qui préparera les chauves-souris à combattre le champignon, je pense que c’est à ça que nous devrions consacrer nos énergies.»

Si les sites d’hibernation des chauves-souris dans l’ouest sont essentiellement inconnus, les chercheurs savent où les trouver en été — suspendues dans des édifices ou de larges nichoirs où elles élèvent leurs petits.

Mme Lausen et ses collègues ont mis au point une poudre qui contient des probiotiques — des bactéries qui se retrouvent naturellement sur les ailes des chauves-souris et qui combattent le champignon. Cette poudre sera éparpillée à l’entrée des nichoirs dans l’espoir qu’elle enduira le corps des animaux.

«(Ces bactéries) sont déjà sur leurs ailes, rappelle Mme Lausen. On essaie simplement d’augmenter la densité de ces bonnes bactéries. En théorie, ces chauves-souris vont entrer en hibernation après avoir passé tout l’été à entrer et sortir des nichoirs, en s’enduisant de notre probiotique, un peu comme quand nous mangeons du yogourt. Elles vont arriver à leurs sites d’hibernation avec sur leurs ailes des microbes qui vont empêcher le champignon de se développer.»

Le groupe a identifié sur les ailes des chauves-souris 14 bactéries qui semblent prometteuses.

«Nous en avons fait la preuve (en laboratoire)», dit-elle.

Les chercheurs doivent maintenant déterminer quelle combinaison de bactéries sera la plus efficace. Ils devront ensuite en tirer une poudre qui sera mise à l’essai au printemps. Mme Lausen espère que la poudre pourra être déployée dans les nichoirs de Vancouver l’été prochain.

«Ça va vraiment très vite», avoue-t-elle.

La disparition des chauves-souris nous prive d’un des principaux prédateurs d’insectes, comme les moustiques. La petite chauve-souris brune commune à l’Amérique du Nord peut gober chaque soir son propre poids en insectes.

Non seulement cela rend-il nos barbecues plus plaisants, mais ça réduit aussi le besoin d’avoir recours à des insecticides chimiques, explique Mme Lausen.

«On utilise beaucoup de pesticides dans l’Est, où le syndrome du museau blanc a frappé de plein fouet. L’abondance des insectes augmente quand les prédateurs naturels reculent. Et les chauves-souris sont le principal prédateur d’insectes pendant la nuit», rappelle-t-elle.

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