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Trudeau dénonce les inégalités et l'évasion fiscale

Nathan Rochford / La Presse Canadienne Photo: Nathan Rochford
Michael Tutton, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

CHARLOTTETOWN — Justin Trudeau a endossé le rôle de critique de la classe la plus riche du Canada, jeudi, plaçant les inégalités sociales et l’évasion fiscale au coeur de son discours sur les perspectives d’avenir de la fédération canadienne.

Le premier ministre a fait ce discours au Centre des arts de la confédération à Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard. Tout près de l’endroit où les politiciens d’autrefois ont rédigé les grandes lignes de la future nation canadienne en 1867.

Justin Trudeau a déclaré qu’en cette année de 150e anniversaire du pays, la promesse de progrès se fait de plus en plus fuyante.

Il a reconnu que malgré une économie solide, ce ne sont pas tous les citoyens qui ont droit à leur part de cette réussite, alors que bon nombre de Canadiens ont de la difficulté à trouver un emploi qui offre un salaire décent.

Au cours des trente dernières années, a-t-il dit, le revenu de la plupart des Canadiens a augmenté de moins d’un pour cent par an, en chiffres absolus, alors que le revenu des mieux nantis a pratiquement triplé.

Justin Trudeau trouve ainsi injuste que des parents soient forcés de décider s’ils peuvent acheter des bottes d’hiver pour leurs enfants alors que des dirigeants de compagnies empochent une prime d’un million de dollars.

«Il faut dire la vérité à propos des inégalités de revenus et ce que ça représente pour les Canadiens», a dénoncé le premier ministre.

«Nous sommes Canadiens, nous sommes polis et nous n’aimons pas trop parler d’argent, car ça rend des gens mal à l’aise. Aussi inconfortable que cela puisse être d’en parler (de l’inégalité), ce ne sera jamais aussi inconfortable que de le vivre», a poursuivi M. Trudeau.

Le premier ministre estime d’ailleurs que les chefs d’entreprises sont en partie responsables de ces inégalités croissantes de revenus, et qu’ils devraient songer davantage aux travailleurs et aux communautés qu’aux intérêts à court terme des actionnaires. Les valeurs simples de partage et de solidarité entre voisins sont essentielles pour que le pays continue de prospérer.

Pour ce qui concerne l’évasion fiscale, M. Trudeau soutient qu’Ottawa a déjà alloué près d’un milliard de dollars pour enquêter sur les paradis fiscaux. Un investissement qui sera remboursé par la récupération d’impôts impayés avec pénalités.

«Il y a des gens au Canada qui sont si riches qu’ils croient non seulement qu’ils n’ont pas à payer leur part d’impôts, mais qui en plus nous forcent à dépenser un milliard de dollars pour les attraper et les forcer à payer leur juste part», a dit le premier ministre.

Ces commentaires surviennent alors que le gouvernement a fait face à un barrage de questions à la Chambre de communes, jeudi, en lien avec un important donateur du Parti libéral du Canada, Stephen Bronfman, dont le nom a fait surface dans la fuite de documents qui dévoilent les détails de méthodes légales d’évitement fiscal utilisées par les plus nantis avec la complicité de certains États.

Justin Trudeau avait déjà déclaré avoir accepté les explications de Stephen Bronfman dans le dossier des «Paradise Papers». Ce dernier a affirmé n’avoir jamais créé ni utilisé de fiducies «offshore» et que tous ses fonds canadiens ont payé leur part d’impôts sur le revenu au Canada.

M. Trudeau venait de recevoir la médaille Symons du Centre des arts de la Confédération, à Charlottetown. Cette récompense est décernée «à une personne distinguée en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la vie au Canada».

Après son allocution, le premier ministre a participé à une séance de questions-réponses avec l’auditoire, au cours de laquelle il a parlé en outre d’environnement, de droits des minorités sexuelles et de Corée du Nord.

Pas facile d’aller au Tim

Un peu plus tôt, dans une entrevue plus «bon enfant» à une station radio de Charlottetown, M. Trudeau a avoué s’ennuyer un peu de ne plus pouvoir aller acheter un tournevis chez Canadian Tire ou un café au Tim Hortons sans provoquer tout un émoi. Interrogé sur des sujets de la vie quotidienne comme les sports, la mode, la télévision ou le magasinage, le premier ministre a admis que sa fonction, qui comporte des avantages incontestables, ne lui permet pas beaucoup de s’imprégner du quotidien des Canadiens.

Il a expliqué que l’émoi qui accompagne chacun des déplacements d’un premier ministre peut lui monter à la tête. Et pour l’éviter, il faut se rappeler que ce tumulte n’est pas causé par une personne, mais par la fonction elle-même, a-t-il dit.

Côté télévision, le premier ministre a avoué que c’est sa femme, «comme dans tout bon mariage», qui décide des émissions regardées en commun. Les préférences de Sophie Grégoire, ces temps-ci, vont aux séries «Outlander», sur Netflix, et «Grey’s Anatomy».

Le premier ministre Trudeau devait se rendre par la suite dans l’est de Terre-Neuve-et-Labrador pour donner un coup de main au candidat libéral dans la circonscription de Bonavista-Burin-Trinity. Une élection complémentaire s’y tiendra le 11 décembre à la suite du départ de la libérale Judy Foote.

M. Trudeau doit se rendre vendredi à Goose Bay, où il présentera ses excuses à d’anciens élèves des pensionnats de la province. Ceux-ci avaient été exclus des indemnités et des excuses nationales offertes en 2008 par l’ancien premier ministre Stephen Harper aux victimes des pensionnats fédéraux pour Autochtones. Le gouvernement conservateur faisait valoir qu’Ottawa ne supervisait pas ces pensionnats à Terre-Neuve.

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