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Jason Kenney vise maintenant le scrutin de 2019

Jeff McIntosh / La Presse Canadienne Photo: Jeff McIntosh

EDMONTON — Après avoir réussi le tour de force d’unir la droite albertaine, qui a gouverné la province sans relâche pendant près de 100 ans, Jason Kenney amorce la nouvelle année avec l’objectif de consolider cette réunification afin de déloger les néo-démocrates lors des élections générales en Alberta dans un an et demi.

Plusieurs voyaient l’ancien député fédéral de Calgary, et lieutenant de Stephen Harper, briguer la chefferie du Parti conservateur du Canada après la défaite de 2015. Mais M. Kenney caressait un autre projet: il voulait unir la droite albertaine pour faire front contre le centre gauche, comme l’avaient fait Stephen Harper et Peter Mackay au fédéral, en fusionnant l’Alliance canadienne et le Parti progressiste-conservateur pour chasser les libéraux.

Après 36 ans de gouvernements du Crédit social et 43 ans de gouvernements progressistes-conservateurs en Alberta, le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Rachel Notley a été élu en 2015 avec 41% des voix, contre un total de 52% pour les deux partis de droite.

Élu chef du Parti progressiste-conservateur de l’Alberta au début de 2017, M. Kenney a ensuite réussi à fusionner son parti avec le Wildrose, qui avait divisé les votes de droite au scrutin de 2015, et qui était devenu l’opposition officielle.

Une fois élu chef du nouveau Parti conservateur uni de l’Alberta, M. Kenney s’est fait élire à l’Assemblée législative lors d’une élection complémentaire à Calgary, à la mi-décembre. Les yeux maintenant tournés vers le scrutin de mai 2019, le nouveau chef conservateur a déjà annoncé ses couleurs pour la campagne électorale: remettre sur ses rails l’économie albertaine, sérieusement ébranlée par la chute des prix du pétrole.

Économie contre questions sociales

La première ministre a prévenu qu’elle n’avait pas l’intention d’envenimer davantage les choses à coups de hache dans les dépenses. Rachel Notley promet plutôt d’investir massivement dans les projets d’infrastructure et les programmes publics — elle a déjà annoncé une hausse du salaire minimum et l’imposition d’une «taxe sur le carbone», là où la taxe de vente provinciale n’existe pas.

L’économie reprend du mieux, mais certains estiment que le gouvernement Notley ne va pas assez vite, ou que ses efforts vont lourdement endetter les générations futures. Dans son discours de la victoire à la chefferie du Parti conservateur uni, M. Kenney a rappelé que la droite croit aux vertus créatrices du libre marché, et rejette la perspective d’hypothéquer les générations futures par une fiscalité irresponsable.

«Le thème fédérateur du nouveau parti, c’est la colère contre le NPD et le désir ardent de le chasser du pouvoir», explique le politologue Duane Bratt, de l’Université Mount Royal, à Calgary. La spécialiste des sondages Janet Brown estime par ailleurs que les Albertains sont avant tout préoccupés par l’économie — davantage que par les questions sociales. Or, Rachel Notley croit que ce sont précisément les enjeux sociaux qui constitueront éventuellement le talon d’Achille de Jason Kenney.

M. Kenney a plutôt adopté jusqu’ici une approche de «laissez-faire» en matière sociale: il lie la «compassion de l’État» à la bonne santé économique, tout en lançant un message de tolérance générale.

Janet Brown croit que le chef conservateur a opté pour l’approche pragmatique. «Il est assez intelligent pour savoir (…) qu’il doit réussir à convaincre les Albertains modérés que Jason Kenney ne constitue pas une menace aux programmes sociaux», estime-t-elle.

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