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Le père Emmett Johns s'éteint à l'âge de 89 ans

JACQUES BOISSINOT / La Presse Canadienne Photo: JACQUES BOISSINOT

MONTRÉAL — Le père Pops, celui qui tendait la main aux jeunes de la rue sans les juger, s’est éteint dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 89 ans.

L’organisme «Dans La Rue», fondé par le père Pops, a confirmé dimanche après-midi que le religieux était décédé de causes naturelles à la résidence pour personnes âgées où il vivait depuis quelques années, à Montréal.

Le père Emmett Johns, mieux connu sous son surnom de «père Pops», incarnait un peu le grand-père au grand coeur, le père des jeunes de la rue, celui qui leur tendait la main sans poser de question.

Il suffit d’avoir parlé à ces jeunes de la rue pour constater la reconnaissance qu’ils lui vouaient, voire l’admiration. Pour eux, Pops était celui qui les comprenait, celui qui les aimait d’un amour gratuit, celui qui ne les jugeait pas.

Emmett Johns naît le 3 avril 1928 et grandit sur le Plateau Mont-Royal.

Il vient d’une famille irlandaise pieuse. Dans sa jeunesse, il veut être missionnaire.

Il est titulaire d’un baccalauréat en théologie de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat ès arts du Collège Loyola.

Durant plusieurs années, il a travaillé comme prêtre, curé et vicaire de différentes paroisses, puis comme aumônier de l’Hôpital Douglas, à Verdun, et dans deux maisons pour jeunes filles en difficulté.

Il a aussi travaillé comme animateur de pastorale, avant de lancer en 1988 sa roulotte «Le Bon Dieu dans la rue», qui offre refuge et nourriture aux jeunes de la rue.

Pour mener à bien son projet, Emmett Johns avait contracté un prêt personnel de 10 000 $ d’une caisse populaire. Au volant de sa roulotte, il sillonnait les rues des quartiers chauds de Montréal le soir et la nuit.

«Le bon dieu dans la rue» est plus tard devenu «Dans La Rue», pour enlever la référence religieuse en gardant la même mission humanitaire d’aider les jeunes sans les juger.

Le père Pops a ensuite ouvert un refuge, baptisé «Le Bunker», puis, en 1997, un Centre de jour, où les jeunes peuvent suivre des cours, participer à des ateliers d’art, de musique, d’informatique, en plus d’avoir accès à du soutien psychologique. En avril 2009, l’école du Centre de jour a d’ailleurs été rebaptisée l’École Emmett Johns.

Au moment de son décès, le père Pops s’était retiré depuis quelques années de l’administration de son organisme, «qui est là pour rester», a assuré dimanche Étienne Lalonde, directeur développement et communications chez Dans La Rue.

«L’organisme poursuit son oeuvre, on poursuit la mission qui avait été mise en place par Pops, et on est là pour les jeunes. On accueille toujours un millier de jeunes par année dans nos services», a-t-il dit en entrevue.

Le père Emmett Johns a reçu plusieurs honneurs, notamment un certificat de membre honoraire de la Société canadienne de pédiatrie en 2007, le Prix de la santé et du bien-être psychologique de l’Ordre des psychologues du Québec en 2003, un Prix d’excellence du Service de police de Montréal et un Prix humanitaire de l’Association des psychiatres du Québec.

En octobre 2009, il a également reçu le prix Thérèse-Daviau, de la Ville de Montréal, remis à une personne engagée dans sa communauté et qui a oeuvré à la qualité de vie des Montréalais.

Il a également reçu des doctorats honorifiques de l’Université Concordia, de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université McGill, en plus d’une Médaille de l’Université de Montréal.

Il a aussi été nommé Grand officier de l’Ordre national du Québec en 2003 et est devenu membre de l’Ordre du Canada en avril 1999.

En 2011, l’Orchestre symphonique de Montréal lui a rendu hommage lors d’un concert.

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