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Mosquée de Québec: les parents de l'accusé parlent

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot / La Presse Canadienne
Giuseppe Valiante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les parents de l’auteur présumé du carnage commis à la Grande Mosquée de Québec ont fait une première déclaration publique depuis que leur fils, Alexandre Bissonnette, a été arrêté.

Dans une lettre transmise à Radio-Canada, Manon Marchand et Raymond Bissonnette affirment avoir l’impression de vivre un véritable cauchemar mais signalent que l’accusé demeure leur fils, qu’ils l’aiment et qu’il fera toujours partie de leur famille. Les parents lui rendent d’ailleurs visite à l’Établissement de détention de Québec, où il est incarcéré depuis son arrestation.

«Comme tous les parents, nous avions espoir de le voir réussir et être heureux dans la vie, écrivent-ils. Dans un sens, nous avons nous aussi perdu un fils.»

Ils qualifient d’«inexcusable» et de «totalement inexplicable» la tuerie du 29 janvier 2017, qui a fait six morts et 19 blessés. Depuis le drame, Mme Marchand et M. Bissonnette, ainsi que le frère jumeau du suspect, reçoivent du soutien psychologique. À la maison, ils vivent généralement avec les rideaux tirés et craignent des représailles.

Les parents de l’accusé rappellent que malgré leur propre douleur, ils ont envoyé une lettre de condoléances aux familles des victimes de l’attentat. Ils ajoutent avoir reçu beaucoup d’appuis depuis un an.

«Suite au drame, nous avons choisi de garder le silence auprès des médias et d’exprimer plutôt nos condoléances directement, par lettre personnelle aux victimes et leurs familles, lettre qui leur a été remise par l’entremise de monsieur Mohamed Labidi, vice-président du Centre culturel islamique de Québec.»

Cette première sortie publique des parents de l’accusé a d’ailleurs été saluée, mercredi, par M. Labidi, qui leur avait parlé au téléphone lorsqu’il a reçu la lettre de condoléances — «la maman était en pleurs», se souvient-il.

«Nous, on partage leur douleur et leur peine, a affirmé M. Labidi en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. Bien sûr, la famille mérite la sympathie de tout le monde, tous les Québécois. Moi, je pardonne: dans l’islam, c’est clairement indiqué que chaque âme est responsable de ses gestes, donc on ne peut pas faire l’amalgame avec cette famille. Jamais.»

L’imam Guillet

Des propos qui rejoignent ceux de l’imam montréalais Hassan Guillet, qui avait prononcé un discours émouvant lors des funérailles de trois de six victimes de l’attentat, l’an dernier à Québec. L’imam Gullet en avait alors étonné plusieurs en déclarant: «Il y a encore une victime dont on n’a pas parlé, et cette victime s’appelle Alexandre Bissonnette.»

Les parents de l’accusé écrivent d’ailleurs que «le discours courageux et rassembleur prononcé par l’imam Hassan Guillet lors des funérailles» les avait «profondément touchés».

Joint au téléphone mercredi, l’imam a salué le courage de ces parents: «c’est très important qu’ils en parlent», a-t-il estimé, en faisant remarquer que cette mère et ce père n’avaient pu profiter des effets bénéfiques de la «thérapie de groupe» à la suite de la tragédie.

«Les parents d’Alexandre Bisonnette, dont la vie n’est pas moins détruite que la vie des autres, étaient seuls dans leur coin. Et c’était terrible comme expérience», a estimé l’imam montréalais, qui voit dans cette lettre publique un «exercice de guérison», mais aussi «de protection de la société contre la propagande haineuse».

«Il faut combattre la haine par l’amour, la noirceur par la lumière», a-t-il dit.

Le procès d’Alexandre Bissonnette, accusé notamment de six chefs de meurtre au premier degré, doit s’ouvrir le 26 mars, à Québec. Ses parents ignorent encore s’ils assisteront aux audiences, tout comme d’ailleurs M. Labidi, qui a assisté aux premières comparutions de l’accusé. «C’était une expérience très douloureuse, pas facile à vivre», admet-il.

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