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Cour suprême: cérémonie pour Richard Wagner

Fred Chartrand / La Presse Canadienne Photo: Fred Chartrand / La Presse Canadienne
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — «Un bourreau de travail» au «coeur gargantuesque», un «fils distingué du Québec»: le nouveau juge en chef de la Cour suprême du Canada, Richard Wagner, a eu droit à un concert d’éloges, lundi, lors de la cérémonie officielle soulignant sa nomination.

C’est avec humour et éloquence que la doyenne des juges du plus haut tribunal au pays, Rosalie Abella, a rendu hommage à celui qui a été nommé au poste en décembre dernier par le premier ministre Justin Trudeau.

«Sachez que notre nouveau juge en chef a un coeur gargantuesque, une loyauté inébranlable envers l’intégrité, une réserve infinie de sagesse et une foi imperturbable envers l’égalité», a dit la magistrate ontarienne devant dignitaires et invités.

«Son but est de préserver la justice, car il comprend que préserver la justice signifie préserver la démocratie», a enchaîné la juge Abella au sujet de celui qu’elle a appelé «très cher Richard» dans son allocution.

La magistrate a fait référence à «l’autre Richard Wagner, celui qui a écrit plus d’opéras» pour marquer le début du nouveau chapitre qui s’est ouvert à la Cour suprême du Canada avec l’entrée en scène du juge québécois.

Le «cycle du Ring» («l’Anneau du Nibelung») du compositeur allemand était une fable «sur la famille et le destin», et «aujourd’hui, nous avons notre propre version, moderne, du cycle wagnérien de la famille et du destin», a offert la juge ontarienne.

Ce cycle est celui d’un homme qui a «transformé les rêves d'(un père) pour son fils, pour le Québec et pour le Canada, en réalité suprême», a-t-elle affirmé en faisant référence au père du juge en chef, Claude Wagner, qui fut ministre de la Justice du Québec sous Jean Lesage.

Lorsqu’il a pris la parole, en clôture, Richard Wagner a remercié sa collègue Abella — «Rosie», l’a-t-il appelée — de n’avoir «pas tari d’éloges» à son sujet, la remerciant à la blague pour «les nombreuses heures qu’elle a dû consacrer pour réussir à trouver autant de qualités».

Et parce que «noboby cares how much you know until they know how much you care», a-t-il argué en citant le président américain Theodore Roosevelt, il a pris un moment pour remercier ses collègues, les orateurs du jour, et souligner toute l’importance qu’il accorde à sa famille.

«Si vous saviez combien de fois je réfléchis à une question qui nous est présentée en recherchant une réponse qui vous permettra de grandir dans un monde meilleur», a-t-il dit à l’intention de ses deux petites-filles et de la troisième, qui est attendue en avril.

Puis, devant sa conjointe Catherine, ses «complices de golf», ses «vieux copains du collège Brébeuf» et d’anciens collègues du cabinet Lavery, le magistrat a donné un aperçu de ce que sera la vision qui guidera son action à titre de patron de la Cour suprême du Canada.

Le juge Wagner s’est montré préoccupé par le «virage de médias sociaux qui s’est fait au détriment des médias traditionnels» et par le déclin du nombre de journalistes spécialisés dans la couverture des décisions que rend le plus haut tribunal au pays.

«Le paysage médiatique a tellement changé dans les 10 dernières années qu’il en est presque devenu méconnaissable. Avant, il y avait un groupe de journalistes réguliers dont le « beat » était la Cour suprême, et parfois seulement la Cour suprême», a-t-il noté.

Aujourd’hui, «tiraillés dans une dizaine de directions différentes, et en dépit de leur talent et de leur expérience», les reporters «n’ont tout simplement pas le temps de lire des décisions de 60 pages et en saisir toutes les nuances avant leur heure de tombée», a regretté le magistrat.

Bijuridisme et ceinture fléchée

Les ministres fédérale et québécoise de la Justice, Jody Wilson-Raybould et Stéphanie Vallée, ont aussi eu de bons mots pour celui qui a succédé à Beverley McLachlin aux commandes du plus haut tribunal au pays.

La ministre Vallée a plaidé que le «dynamisme» de la tradition bijuridique du Canada «fait partie de la personnalité de notre pays», qu’elle est le «ciment de notre unité», et que le choix de «ce fils distingué du Québec» en était donc un judicieux.

«Ce ne sont pas la ceinture fléchée ni le sirop d’érable qui distinguent la société québécoise. C’est avant tout la langue et la culture française… et notre tradition juridique, notre droit civil», a-t-elle avancé.

La nomination du juge Wagner, issu de la tradition civiliste, a été bien accueillie dans les sphères juridique et politique. Sa prédécesseure britanno-colombienne, formée en common law, a passé près de 18 ans à la tête de la Cour suprême du Canada.

Le juge québécois nommé en 2012 par l’ex-premier ministre Stephen Harper pourrait tenir les rênes du tribunal pendant une quinzaine d’années, étant âgé de 60 ans. L’âge du départ obligatoire à la retraite pour les magistrats de la Cour suprême est fixé à 75 ans.

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