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Boissons sucrées: la SAQ n’est pas sûre d’en vendre

Une portion individuelle de ces boissons peut contenir jusqu'à quatre consommations d'alcool. Photo: Josie Desmarais/Métro

MONTRÉAL — Le robinet des boissons énergisantes sucrées à forte teneur en alcool pourrait être complètement fermé sur le marché québécois.

La Société des alcools du Québec (SAQ) n’a toujours pas décidé si elle acceptera ou non de vendre ces produits dans ses succursales.

Une décision négative signifierait ainsi la disparition de ces produits sur le marché québécois puisque le gouvernement a décidé d’interdire leur vente dans les épiceries et dépanneurs à la suite du décès accidentel de la jeune Athena Gervais, 14 ans, le 26 février dernier. Elle a été retrouvée trois jours plus tard gisant dans un ruisseau, après avoir apparemment fait une chute parce qu’elle était intoxiquée par une de ces boissons.

Le président et chef de la direction de la SAQ, Alain Brunet, a rappelé, vendredi, que Québec lui a donné carte blanche dans ce dossier.

«Le gouvernement a été clair: commercialement, c’est notre décision si on veut ou pas vendre ces produits-là», a-t-il déclaré aux médias à l’issue d’une allocution devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

M. Brunet a cependant averti qu’il ne prendrait aucune décision tant et aussi longtemps que Québec n’aurait pas présenté le projet de réglementation qu’il a annoncé et que cette réglementation n’était pas adoptée à l’Assemblée nationale.

«On n’a pas à faire quoi que ce soit tant que ce ne sera pas clair dans quel cadre on va travailler, a-t-il affirmé. Je ne me commets sur rien, parce que je veux prendre le temps de bien faire le dossier.»

De plus, la SAQ, tout comme le gouvernement du Québec, attend les avis qui ont été demandés à Santé Canada, qui a autorité sur l’ensemble des produits de consommation alimentaire au pays.

Alain Brunet en a profité pour expliquer que tout le phénomène de production et de vente des boissons sucrées énergisantes à forte teneur en alcool était récent et avait évolué complètement en dehors de la sphère d’influence de la SAQ.

«Tout cette « business », de notre point de vue pour être honnête, c’est un peu aveugle. (…) J’ai été surpris de voir à quel point ça s’était installé sans qu’on l’ait vu et l’impact que ça peut avoir», a-t-il avoué.

Il a souligné, au passage, que la Société des alcools n’a jamais soumis ces produits à ses évaluations chimiques ou à son contrôle de qualité.

Si jamais ces produits sont distribués par la SAQ, M. Brunet avertit d’avance les producteurs que les règles de commercialisation de la société d’État ne permettent d’aucune façon de s’adresser directement aux jeunes dans la mise en marché. De plus, la composition du produit devra répondre aux normes de la SAQ.

Black Tower et Harfang des Neiges

Devant les convives réunis par la Chambre de commerce, M. Brunet a présenté le bilan des dernières années pour démontrer qu’un monopole peut être efficace.

Le PDG a longuement insisté non seulement sur les résultats obtenus par la SAQ, qui livre depuis 2012 des dividendes annuels dépassant le milliard $, mais aussi sur les gains de productivité, les réductions de dépenses et l’évolution du commerce vers le conseil au client, dont l’impact est évident.

Il a mentionné à cet effet qu’à son arrivée à la SAQ en 1981, l’expertise de son personnel n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui.

«L’expertise de la SAQ, c’était plutôt simple: ce que je mettais en tablette à ce moment-là, c’était du Black Tower et du Harfang des Neiges», deux vins blancs doux économiques et très populaires à l’époque.

Il a rappelé que le gouvernement du Québec avait initialement investi 30 millions $ en créant la «Commission des liqueurs du Québec» (l’ancêtre de la SAQ) en 1921 et que l’État n’avait pas injecté un sou de plus depuis et qu’en plus de rapporter un énorme dividende, la SAQ n’a aucune dette.

Cet étalage de chiffres et d’accomplissements visait d’abord et avant tout à contrer le discours — souvent répandu dans les milieux d’affaires — en faveur de la privatisation de la Société des alcools.

«Si on avait été des incompétents, on pourrait nous demander de remettre le ballon, mais je suis convaincu qu’on a bien pris soin de notre domaine d’affaires», a-t-il lancé.

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