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Parlement: le harcèlement au travail serait fréquent

Photo: Justin Tang / La Presse canadiene
Mylène Crête, La Presse canadienne

OTTAWA — Des employés parlementaires dénoncent le harcèlement au travail, qui serait beaucoup plus fréquent que les inconduites sexuelles sur la colline du Parlement, selon eux.

Ils répondaient à un questionnaire que La Presse canadienne leur a fait parvenir dans la foulée du mouvement #moiaussi sur les inconduites et le harcèlement sexuels. En tout, 266 employés de députés, de sénateurs et de ministres des deux sexes y ont répondu de façon anonyme.

Certains ont tenu à dénoncer le problème de l’intimidation et du harcèlement qui n’est pas de nature sexuelle dans leur milieu de travail. Seize des 75 personnes qui ont laissé un commentaire à la fin du questionnaire ont soulevé cette question.

«Le harcèlement sexuel est certes un problème sur la colline du Parlement, mais le harcèlement psychologique ici est endémique, écrit une personne. Les parlementaires poussent leur personnel de bureau à faire des heures supplémentaires non payées, tiennent des propos dégradants envers les employés et les utilisent pour des tâches qui n’ont rien à voir avec leur rôle politique.»

«Les histoires d’employés qui font le lavage de leur patron, ses commissions et qui les aident à répondre à leurs besoins individuels sont épouvantables», écrit une autre.

«Je ne compte plus les histoires que j’ai entendues et celles que j’ai moi-même vécues d’intimidation, de harcèlement, de violence verbale et de chantage émotionnel par des députés, signale une répondante. (…) Vous seriez surpris de voir combien de bureaux ont un roulement de personnel élevé et combien d’employés ont peur de parler parce qu’ils n’ont pas de bons recours.»

La peur de perdre un emploi déjà précaire, le désir de gravir les échelons et de démontrer sa loyauté envers son patron sont des facteurs qui contribueraient à ces abus de pouvoir, selon eux.

«Comme les employés parlementaires ont des contrats annuels et n’ont pas vraiment de sécurité d’emploi, nous sommes vulnérables à l’exploitation et aux abus comme les heures supplémentaires non-payées, écrit un répondant. Personnellement, je fais plus de 300 heures supplémentaires chaque année qui ne sont jamais reconnues comme tel.»

De telles expériences marquent tout autant les gens qui en sont victimes que le harcèlement sexuel.

«Je ne peux plus tolérer ces abus et je ne peux compter sur personne pour y mettre fin», écrit une employée en précisant qu’elle s’est mise à la recherche d’un nouvel emploi à l’extérieur de la colline du Parlement en raison du stress causé par cette situation.

«Les employés considèrent que les Ressources humaines protègent les parlementaires et que la discipline de caucus est un mécanisme qui sert plus à couvrir des histoires qu’à réprimander les agresseurs», note une autre personne.

Le projet de loi C-65 tente d’améliorer les mécanismes de dénonciation pour les employés parlementaires. Ils pourraient, par exemple, faire appel à une tierce partie pour examiner leurs plaintes. Ce projet de loi vise à contrer toutes les formes de harcèlement au travail, qu’il soit sexuel ou non dans les milieux sous juridiction fédérale. Pour la première fois, les employés de la Chambre des communes et du Sénat seraient protégés par le Code canadien du travail.

Méthodologie
La Presse canadienne a envoyé le questionnaire par courriel aux employés parlementaires qui travaillent présentement pour des députés, des sénateurs ou des ministres sur la colline du Parlement. Ceux-ci avaient du 20 février au 12 mars pour y répondre et ont été encouragés à envoyer le questionnaire à d’autres employés. Il ne s’agit pas d’un sondage scientifique puisqu’il n’y a aucune façon de savoir combien d’employés ont reçu le questionnaire. La Presse canadienne partagera ces données avec Samara Canada, un organisme non partisan à but non lucratif voué à l’engagement citoyen, qui les utilisera pour des recherches ultérieures.

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