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Trans Mountain: un débat d'urgence à Ottawa

Phuong Le / The Associated Press Photo: Phuong Le / The Associated Press
Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — La Chambre des communes a tenu un débat d’urgence tard lundi soir sur l’avenir de l’oléoduc Trans Mountain, alors que le gouvernement Trudeau est critiqué de toutes parts pour sa gestion de la crise qui secoue l’ouest du pays.

Le président de la chambre, Geoff Reagan, a acquiescé à la demande de la députée conservatrice de l’Alberta Shannon Stubbs qui a fait valoir que des milliers d’emplois et des millions de dollars pour l’économie canadienne étaient en jeu.

C’est la deuxième fois en deux mois que les conservateurs demandaient un débat d’urgence sur le projet Trans Mountain, mais leur première requête avait été rejetée.

Mme Stubbs a affirmé lors du débat d’urgence que l’oléoduc offrirait un accès nécessaire aux marchés d’exportation au «pétrole canadien socialement et environnementalement responsable». Elle a soutenu que le projet était plus que jamais crucial, et elle a accusé les libéraux d’avoir tué les projets d’oléoduc Northern Gateway et Énergie Est et d’avoir accru la dépendance du pays envers les États-Unis.

Le député conservateur Gérard Deltell a quant à lui cité en exemple «les neuf pipelines qui passent sous le fleuve Saint-Laurent» au Québec, dont celui de Lévis qui relie Montréal.

«Ça fera bientôt six ans qu’il est en opération et ça va très bien, jamais vous n’avez entendu parler d’une catastrophe», a-t-il martelé.

Comme ses collègues conservateurs, M. Deltell a imputé l’impasse au gouvernement Trudeau, mais aussi au Parti vert de la Colombie-Britannique qu’il a qualifié de «radicaux verts qui tiennent en otage» un projet profitable.

Le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, a fait valoir que le gouvernement Trudeau avait mis en place des lignes directrices temporaires et augmenté les consultations pour éviter justement les obstacles aux projets vécus sous le précédent gouvernement conservateur.

«Soyons clairs, nous avons fait cela pour nous assurer que non seulement les oléoducs sont approuvés, mais pour nous assurer qu’ils seront construits», a dit M. Carr.

L’entreprise texane Kinder Morgan a suspendu la semaine dernière toute dépense et activité non essentielles relatives à son projet à cause de l’opposition du gouvernement de la Colombie-Britannique. L’expansion de cet oléoduc permettrait de transporter trois fois plus de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta au port de Vancouver pour l’exportation.

Le premier ministre Justin Trudeau a demandé à son ministre des Finances de négocier avec Kinder Morgan pour trouver un arrangement financier qui rassurerait les investisseurs sans toutefois indiquer quelle forme cela pourrait prendre.

Tous les partis à l’exception des conservateurs ont critiqué cette décision. La chef du Parti vert, Elizabeth May, a accusé Kinder Morgan de faire du chantage pour obtenir des fonds publics.

«S’il vous plaît, montrez-moi une analyse des coûts et des bénéfices que Kinder Morgan aurait rendue publique, a-t-elle ironisé. Jetons-y un coup d’oeil avant de mettre de l’argent dans ce projet qui n’a aucune viabilité commerciale.»

«On est tout à fait contre que les taxes des Québécois et des Québécoises — parce qu’on envoie quand même 50 milliards $ à Ottawa année après année — servent à financer un pipeline comme Trans Mountain», a pour sa part dénoncé la chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, plus tôt lundi.

L’avenir de l’oléoduc avait déjà occupé presque l’entièreté de la période des questions.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a dénoncé l’intention du gouvernement de déposer un projet de loi pour affirmer sa compétence en la matière. «Il est où le fédéralisme coopératif promis par les libéraux?», a questionné le chef parlementaire néo-démocrate, Guy Caron.

Les ministres des Ressources naturelles, Jim Carr, et des Transports, Marc Garneau, se sont levés inlassablement pour répéter que l’oléoduc allait être construit coûte que coûte. «Nous savons que des projets comme ceux-ci ne font jamais consensus, mais nous savons qu’ils sont dans l’intérêt national», a affirmé M. Carr.

«Depuis quand l’intérêt national, c’est d’aller à l’encontre de l’intérêt des Premières Nations, des intérêts du Québec, des intérêts des provinces? Respect, respect!», s’est exclamé le député indépendant Rhéal Fortin.

«Nous ici, dans le gouvernement, on comprend le sentiment albertain», a répondu le ministre Garneau.

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