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Fusion CHUM – Sainte-Justine: Québec recule

Photo: Josie Desmarais
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Près de trois ans après avoir effectué la fusion controversée du conseil d’administration du centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, Québec revient sur sa décision.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a annoncé dans un bref communiqué transmis vendredi en fin d’après-midi qu’il présenterait un décret prochainement au conseil des ministres pour «procéder au dégroupement» de ces conseils d’administration, qui pourraient entrer en fonction dès septembre prochain.

«Nous entrons dans une nouvelle ère où il m’apparaît opportun de disposer d’un modèle administratif légèrement modifié, en revenant à un modèle plus traditionnel de deux institutions comprenant leur propre conseil d’administration et leur propre direction», a affirmé le ministre dans une déclaration envoyée par courriel à La Presse canadienne.

M. Barrette n’a pas élaboré davantage sur les raisons qui l’ont poussé à changer d’idée.Dans son communiqué, il a rappelé qu’il avait procédé à ce regroupement «afin d’améliorer le continuum de soins de l’enfance à l’âge adulte».

Cette décision du ministre avait suscité une levée de boucliers, de la part de l’hôpital pédiatrique surtout, qui s’inquiétait d’être «noyé» dans la médecine adulte, dans un contexte de vieillissement de la population.

Une manifestation contre la fusion avait eu lieu le mois dernier, avec l’appui notamment du père de l’assurance-maladie, Claude Castonguay.

Les opposants au projet soulagés

La présidente du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) de Sainte-Justine, la docteure Valérie Lamarre, s’est réjouie que les moyens de pression aient porté fruit.

«On est heureux de cette décision-là et on veut remercier le gouvernement d’avoir révisé cette mauvaise décision de regrouper les conseils d’administration», a-t-elle confié en entrevue téléphonique après l’annonce du ministre.

«C’est quand même rassurant de voir que quand plusieurs voix s’élèvent dans le même sens, le bon sens peut prévaloir», a-t-elle ajouté.

Sa coalition demandera cependant une rencontre avec le ministre Barrette pour en savoir davantage sur la suite, car les détails de la défusion n’ont pas été précisés dans la communication du ministre.

«On souhaite vraiment discuter avec le ministre pour mieux comprendre la portée au niveau de la direction générale et s’assurer que ça va être mis en oeuvre dans les meilleurs délais», a-t-elle expliqué.

Déjà des impacts sur l’hôpital

Selon la docteure Lamarre, l’hôpital avait déjà commencé à ressentir des effets «insidieux» de cette fusion, notamment sur la gouvernance de son laboratoire.

«On a perdu la gouvernance de nos laboratoires en 2017 au CHU Sainte-Justine (…) et on n’a pas senti qu’on avait la défense nécessaire de la spécificité pédiatrique dans ce dossier-là par notre administration. Le combat n’a pas été mené par notre administration comme on l’aurait souhaité», a-t-elle expliqué.

«C’est très insidieux ces trucs-là, on ne s’en rend pas nécessairement compte, mais les batailles qui doivent être menées ne le sont pas toujours avec autant de vigueur, et tranquillement pas vite, eh bien, tu deviens moins performant.»

Elle a rappelé que les meilleurs hôpitaux pédiatriques étaient pleinement autonomes.

«Quand on a une mission très spécialisée, c’est important d’avoir tous les outils», a-t-elle soutenu.

Une autre manifestation devait avoir lieu le 6 mai. La Coalition pour l’avenir du CHU Sainte-Justine — un groupe créé pour contester la décision du gouvernement — se réunira plus tard cette semaine pour déterminer si la marche sera annulée ou du moins «recentrée», a-t-on indiqué dans un communiqué.

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