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Arrestations: Robert Lafrenière fait volte-face

Photo: FELIX O.J. FOURNIER/TC Media
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le patron de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière, fait volte-face et affirme maintenant qu’il pourra procéder à des arrestations lors de la prochaine campagne électorale.

En décembre dernier, sur les ondes de Radio-Canada, M. Lafrenière s’était engagé à ne pas faire de perquisitions ou d’arrestations durant cette période pour ne pas entraver le processus démocratique.

«J’ai peut-être poussé le bouchon un peu loin, a-t-il laissé tomber mardi, lors de son passage en commission parlementaire à l’occasion de l’étude des crédits budgétaires du ministère de la Sécurité publique. L’UPAC va continuer à faire son travail coûte que coûte.»

Mais il refuse que l’escouade soit utilisée pendant la campagne électorale comme levier politique. «Dans le passé, il y a eu des élections municipales, des élections provinciales, on a eu des signalements (…) et c’était évident que c’était une partie d’un parti politique qui voulait nous amener à aller rencontrer des gens avec l’identification de l’UPAC pour pouvoir s’en servir au niveau politique», a déclaré le commissaire.

«On va être très très attentif pour ces 33 jours de campagne-là pour ne pas servir de déséquilibre dans l’exercice démocratique», a-t-il ajouté.

L’UPAC mène actuellement plusieurs enquêtes de front, dont la fameuse enquête Mâchurer, qui vise à faire la lumière sur des allégations de financement illégal du Parti libéral du Québec (PLQ) à l’époque où Jean Charest en était le chef. L’ancien premier ministre ne fait l’objet d’aucune accusation.

Le député libéral Guy Ouellette a été arrêté par l’UPAC le 25 octobre dernier en lien avec les fuites dans l’enquête Mâchurer. Le mystère subsiste: aucune accusation n’a, à ce jour, été portée contre lui.

Dans ces deux dossiers, M. Lafrenière n’a pu garantir des conclusions rapides. Talonné par Stéphane Bergeron et André Spénard, critiques en matière de sécurité publique pour le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ), il refuse dorénavant de s’avancer sur un possible calendrier.

«En 2016, vous nous aviez dit que l’enquête devait être terminée avant Noël. En mai 2017, vous avez promis d’aller jusqu’au bout et disiez que ça avançait bien. En octobre 2017, vous disiez que vous entendiez remettre au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) le résultat d’une enquête complète, ficelée et totale, a martelé M. Bergeron. On est en avril 2018, qu’est-ce qui se passe?»

«J’ai fait ces erreurs-là la première année, la deuxième année de mettre une date, a plus tard reconnu M. Lafrenière. L’enquête n’est pas terminée», a-t-il tranché.

L’UPAC a rencontré plus de 300 témoins dans le cadre de l’enquête Mâchurer. Par ailleurs, l’escouade a 42 dossiers actifs, «alors je pense que le travail se fait», s’est défendu le commissaire.

L’opposition «impatiente»

L’impatience a semblé monter d’un cran, mardi, alors que le chef du PQ, Jean-François Lisée, a insisté sur l’importance de terminer les enquêtes liées au PLQ avant le début de la campagne électorale, cet automne.

«Moi, ma crainte, c’est qu’on va arriver aux élections sans que les Québécois sachent quelle est la nature des vraies accusations qui sont portées. Et là, à mesure que les semaines passent, que les mois passent, je suis inquiet. On va avoir une autre élection où le Parti libéral va pouvoir se présenter sans que des personnes qui sont suspectes d’avoir commis des fraudes ne soient soumises à des accusations», a-t-il déclaré aux journalistes.

Même son de cloche du côté de la Coalition avenir Québec (CAQ). Le chef, François Legault, a dit souhaiter des conclusions «les plus rapides possible». «Les Québécois, plus ils ont de l’information, plus ils sont en bonne position pour voter en toute connaissance de cause», a-t-il renchéri. Les chefs de partis ont tous deux suggéré que M. Lafrenière pourrait être remercié s’ils accèdent au pouvoir le 1er octobre.

En fin de journée devant les micros des journalistes, M. Lafrenière a réitéré ne pas savoir s’il sera possible pour l’UPAC de ficeler l’enquête Mâchurer avant l’élection. «Nous, on ne travaille pas dans le sens qu’il faut que toutes les enquêtes soient finies quand arrive une élection, on ne peut pas travailler comme ça.»

Départ à l’UPAC

Par ailleurs, il a confirmé mardi le départ de son directeur des opérations, André Boulanger. Celui-ci quitte ses fonctions au sein de l’UPAC pour retourner à la Sûreté du Québec.

M. Boulanger a fait un travail d’enquête «gigantesque» et «impeccable», a tenu à souligner le commissaire.

Selon le président de l’Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ), Pierre Veilleux, le départ de M. Boulanger pourrait contribuer à améliorer le climat de travail au sein de l’unité.

«Il y a peut-être des personnes qui vont se raviser sur leur décision de départ, sur leur demande de quitter l’UPAC», a-t-il dit.

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