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OIF: difficile réélection pour Michaëlle Jean

Michaelle Jean. Photo: Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne
Morgan Lowrie, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les politiciens de toute allégeance n’avaient que des éloges pour Michaëlle Jean lorsque l’ancienne gouverneure générale du Canada est devenue la première femme à diriger l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 2014.

Quatre ans plus tard, les louanges sont moins unanimes alors que Mme Jean s’apprête à briguer un second mandat comme secrétaire générale de l’OIF.

Au moment de son entrée en poste, Michaëlle Jean avait promis de promouvoir le développement économique, l’égalité entre les genres et le dialogue, plus particulièrement au sein des pays émergents de l’Afrique.

Mais au cours des derniers mois, Mme Jean a été bombardée de questions sur ses dépenses, une situation qui a même poussé le député conservateur Gérard Deltell à déclarer que l’ex-gouverneure générale était maintenant une source d’embarras pour le Canada.

Ces dépenses, qui ont été rapportées par des médias de Québecor, comprennent des rénovations de 500 000 $ à la résidence qu’elle loue à Paris et un piano de 20 000 $.

Le député conservateur de Beauport-Limoilou, Alupa Clarke, a récemment demandé à la ministre de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, comment le Parti libéral pouvait justifier son appui aux efforts de Mme Jean pour se faire réélire à la tête de l’OIF étant donné le «manque total de transparence» dont elle fait preuve en refusant d’expliquer publiquement ses dépenses.

M. Deltell a renchéri, soutenant que seuls les libéraux pouvaient être fiers du règne de l’ancienne journaliste à l’OIF.

«Michaëlle Jean est devenue une source d’embarras pour le Canada, a-t-il affirmé durant la période de questions. Elle a géré l’organisation d’une manière complètement irresponsable.»

Mme Jean, qui est née à Haïti, a été gouverneure générale du Canada de 2005 à 2010.

Ottawa et Québec lui ont accordé leur soutien si elle cherchait à se faire réélire, reconnaissant toutefois que la gestion financière de l’organisation pouvait être améliorée.

Michaëlle Jean n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, mais un représentant de son bureau a confirmé qu’elle avait déjà signalé son intention de se représenter par le passé.

Les conservateurs ne sont pas les seuls à avoir tourné le dos à l’actuelle secrétaire générale de l’OIF. Le président de la France, Emmanuel Macron, a récemment révélé qu’il appuierait la candidature de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, lorsque l’organisation choisira un nouveau leader en octobre.

Pour Linda Cardinal, professeure à l’Université d’Ottawa et titulaire d’une chaire de recherche sur la Francophonie, la décision de M. Macron est probablement motivée par le désir de la France de tisser des liens plus serrés avec l’Afrique, et surtout avec le Rwanda, après des décennies de tensions.

Et bien que la controverse entourant les dépenses de Michaëlle Jean pourrait peser dans la balance, Mme Cardinal a souligné que la situation n’était pas si surprenante étant donné les critiques similaires dont Mme Jean avait fait l’objet lorsqu’elle était gouverneure générale.

En outre, certains membres de l’OIF estiment que le plus haut poste de l’organisation devrait être réservé à une personne de l’Afrique compte tenu de l’importance que revêt l’OIF sur ce continent, qui abrite la plus importante population francophone de la planète.

Quoi qu’il en soit, Linda Cardinal, qui a rencontré Michaëlle Jean à plusieurs reprises, a indiqué que cette dernière était une «battante» qui livrerait une bonne campagne.

«Je pense qu’elle va se battre pour le poste et qu’elle fera tout en son pouvoir pour demeurer secrétaire générale, mais au bout du compte, ce sera à l’assemblée générale de décider», a conclu la professeure.

 

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