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Nombre croissant de femmes autochtones en prison

OTTAWA – Le nombre croissant de femmes autochtones incarcérées dans les prisons fédérales représente une véritable crise, selon un rapport commandé par le ministère de la Sécurité publique.

L’accent mis par le gouvernement conservateur sur la lutte à la criminalité ne fera qu’aggraver la situation, prévient le rapport qui brosse un portrait sombre de l’expérience carcérale des femmes autochtones, inuites ou métis.

Il affirme que des gestes majeurs doivent être posés dès maintenant pour corriger le tir.

«Toutefois, il est très improbable que les problèmes d’une telle population marginalisée profitent de l’attention et des ressources nécessaires ne serait-ce que pour commencer à les régler», prévient le rapport.

Le Service correctionnel du Canada, qui cadre sous la juridiction du ministre de la Sécurité publique Vic Toews, a indiqué mercredi s’attaquer activement à la mise en place de stratégies pour venir en aide aux femmes autochtones.

Le document de 62 pages récemment rendu public par le ministère avait été préparé par The Wesley Group. Il souligne que si les autochtones ne représentent que quatre pour cent de la population canadienne, une femme incarcérée sur trois est d’origine autochtone dans les prisons fédérales.

Depuis 10 ans, la représentation des femmes autochtones dans le système carcéral a augmenté de 90 pour cent, ce qui en fait le groupe de délinquants ayant la croissance la plus importante.

«La surreprésentation actuelle des femmes autochtones dans le système correctionnel fédéral ne représente rien de moins qu’une crise», dit le document.

Le rapport étudie plusieurs causes possibles du phénomène, allant de l’impact de la colonisation jusqu’aux politiques «abusives» actuelles du gouvernement en passant par les pensionnats autochtones.

Aboutir en prison n’aide en rien les femmes autochtones à améliorer leur sort, selon l’étude, en dépit des programmes qui sont offerts. Les femmes autochtones présentent souvent des niveaux d’éducation et d’emploi inférieurs, elles sont fréquemment plus criminalisées et elles ont davantage besoin de programmes s’attaquant à des problématiques comme la toxicomanie, la gestion de la colère et la recherche d’emploi, dit le rapport.

Le document affirme que l’évaluation faite des femmes autochtones lors de leur arrivée en prison signifie fréquemment qu’on leur interdira l’accès aux programmes qui, éventuellement, peuvent mener à une réinsertion sociale réussie. Il recommande la mise en place d’un processus d’évaluation différent à leur endroit.

Le Service correctionnel du Canada a fait certains progrès quand vient le temps d’offrir une aide appropriée aux femmes autochtones incarcérées, reconnaît l’enquête, en évoquant notamment un programme créé sur mesure en 2009 et qui est offert avec l’aide d’aînés.

Toutefois, il resterait encore beaucoup de chemin à parcourir. Le rapport déplore par exemple que des pavillons de ressourcement prévus pour les détenues — un au Québec et l’autre en Alberta — n’aient toujours pas vu le jour, même si les lois permettant leur création sont en vigueur depuis plusieurs années.

Le document en vient à la conclusion qu’il est de la responsabilité des leaders fédéraux de provoquer des changements.

«Sans volonté politique, aucun changement fondamental ne surviendra au sein du système, préviennent les auteurs. De plus, compte tenu du récent climat politique, rien ne permet de croire qu’on puisse attendre bientôt des changements efficaces à l’intention des femmes autochtones incarcérées.»

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