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ALENA: Freeland s’envole d’urgence pour Washington

Evan Vucci / The Associated Press Photo: Evan Vucci
Andy Blatchford, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, rentrera d’urgence d’Europe pour se rendre dès mardi à Washington, afin de reprendre les négociations avec les États-Unis et le Mexique sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Mme Freeland écourte ainsi sa visite officielle en Europe après que le président américain, Donald Trump, a annoncé lundi matin que les États-Unis et le Mexique avaient conclu une «entente de principe» bilatérale, ce qui pourrait mener à une révision éventuelle de l’ALÉNA — ou peut-être à la mort d’un traité commercial à trois.

Le président des États-Unis a également invité le Canada à reprendre les négociations commerciales avec ses partenaires de l’ALÉNA, qui se sont poursuivies tout l’été sans que des représentants canadiens soient à la table.

M. Trump a toutefois prévenu Ottawa que si le Canada ne réussissait pas à s’entendre sur un nouvel accord, il serait frappé de tarifs douaniers dévastateurs sur les importations automobiles.

Lors d’un appel téléphonique avec son homologue mexicain, Enrique Peña Nieto, diffusé par haut-parleur à la Maison-Blanche, M. Trump a indiqué lundi que les négociations avec le Canada commenceraient «assez rapidement».

Par la voix d’un interprète, le président Peña Nieto a déclaré à plusieurs reprises qu’il espérait que le Canada fasse partie d’un éventuel accord trilatéral.

Le président Trump a estimé que «d’une manière ou d’une autre, nous avons un accord avec le Canada: ce sera soit des tarifs douaniers sur les voitures, soit un accord négocié — et franchement, la voie des tarifs serait beaucoup plus facile, mais peut-être que l’autre voie serait meilleure pour le Canada».

M. Trump veut par ailleurs déjà donner un nom à cette entente commerciale bilatérale conclue avec le seul Mexique. «J’aime bien appeler cet accord « l’accord commercial États-Unis-Mexique » — je trouve que c’est un nom élégant, a-t-il lancé lundi matin dans le bureau ovale. Je pense que l’ALÉNA comporte beaucoup de connotations négatives pour les États-Unis, parce qu’on s’était fait plumer.»

«Le temps venu — je ne peux pas vous dire exactement quand, cela dépendra du Congrès —, je vais mettre fin à l’accord existant et (signer le nouvel) accord», a-t-il poursuivi. «Nous cherchons à aider nos voisins. Si nous pouvons aider nos voisins, c’est une bonne chose, pas une mauvaise. Nous allons donc entamer cette négociation incessamment. Je parlerai au premier ministre Trudeau très bientôt.»

Le cabinet de Mme Freeland a rapidement indiqué que la ministre serait à Washington dès mardi — elle se trouvait déjà en Europe pour un voyage officiel de cinq jours en Allemagne, en Ukraine et en France.

Fait accompli?

Le cabinet du premier ministre canadien a indiqué que Justin Trudeau avait eu une conversation téléphonique «constructive» avec le président Trump lundi au sujet de l’ALÉNA.

«Les dirigeants ont accueilli favorablement les progrès réalisés dans le cadre des discussions avec le Mexique, et ils attendent avec intérêt que leurs équipes poursuivent les négociations cette semaine en vue de les mener à bien», peut-on lire dans une déclaration écrite transmise par le bureau de M. Trudeau.

M. Trudeau s’est également entretenu dimanche avec le président Peña Nieto. Selon le communiqué publié par son bureau, les deux hommes «ont fait part de leur engagement commun à obtenir un accord avantageux pour les trois parties».

Le Canada a été absent de la table de négociation de l’ALÉNA depuis la suspension des pourparlers à trois, au printemps dernier. Certains observateurs craignent que l’absence du Canada dans les récents pourparlers à deux puisse placer Ottawa devant un fait accompli. M. Trudeau répète que son gouvernement ne signera pas un accord qui serait défavorable au Canada.

Adam Austen, un porte-parole de la ministre Freeland, a indiqué lundi que le Canada était encouragé par «l’optimisme constant dont font preuve nos partenaires de négociation», et soutenu qu’il «est essentiel que le Mexique et les États-Unis réalisent des progrès si nous voulons renouveler l’ALÉNA».

«Nous n’allons signer le nouvel ALÉNA que s’il est avantageux pour le Canada et pour la classe moyenne», a écrit M. Austen dans un courriel.

L’accord a réduit depuis un quart de siècle la plupart des barrières commerciales entre les trois voisins nord-américains. Mais le président Trump et d’autres critiques soutiennent que l’ALÉNA a encouragé les fabricants américains à se déplacer au sud de la frontière pour profiter de la main-d’oeuvre mexicaine, moins bien payée.

Les discussions en vue d’une révision de l’accord ont débuté il y a un an et ont été semées d’embûches. L’administration Trump souhaite notamment qu’un pourcentage plus élevé de la production automobile provienne du bloc de l’ALÉNA avant d’être admissible à l’exemption de tarifs douaniers.

Les pourparlers ont également été freinés par l’insistance de l’administration Trump à adopter une «clause crépusculaire», qui mettrait fin à l’ALÉNA dans cinq ans à moins que les trois pays n’acceptent de le reconduire. Washington souhaite aussi modifier le mécanisme de règlement des différends.

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