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Il faudra être de mauvaise foi pour échouer le test

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot
Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Il faudra être vraiment de mauvaise foi pour échouer au test de valeurs et être passible d’expulsion sous un gouvernement caquiste.

François Legault a affirmé vendredi qu’il sera «humain» avec les pères de famille qui échoueront aux tests de français et de valeurs. Bref, rares seront ceux qui seront expulsés, si d’aventure le fédéral, qui a cette responsabilité, décide de l’exercer.

En point de presse à Québec, le chef caquiste a ainsi tenté de se montrer rassurant, au lendemain du débat télévisé, au cours duquel son adversaire libéral Philippe Couillard l’a accusé de faire peur au monde avec son «test d’expulsion».

Un éventuel gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) imposerait un test des valeurs et un test de français aux nouveaux arrivants.

En cas d’échec, ils ne pourront pas obtenir leur certificat de sélection, et par conséquent, le fédéral serait ensuite en droit de les expulser du territoire.

M. Legault estime qu’il est «très improbable» que les nouveaux arrivants échouent, après avoir passé trois ans au Québec à suivre des cours de français gratuits que son gouvernement offrirait aussi.

«Il faudrait vraiment faire exprès (pour échouer)», a-t-il déclaré, en ajoutant qu’un gouvernement caquiste serait «compréhensif» avec les «personnes trop âgées» et ceux qui souffrent de difficultés d’apprentissage.

De même, le père de famille qui échoue, alors que ses enfants sont intégrés, ne sera pas embarqué de force dans un avion par la CAQ. «On va être humain, on ne divisera pas des familles» et prétendre le contraire, «c’est la campagne de peur de Philippe Couillard», a insisté M. Legault. Toutefois, les autres recalés sont considérés comme des illégaux.

«Toutes les personnes de bonne foi vont réussir le test de français et le test de valeurs, mais si jamais ça arrivait que quelqu’un ne soit pas de bonne foi, on va aviser le gouvernement fédéral, comme on fait pour un travailleur dont le permis de travail est échu, et ce sera au gouvernement fédéral à décider ce qu’il fera avec cette personne illégalement au Québec.»

M. Legault a rappelé qu’Ottawa expulse déjà 4000 personnes bon an mal an du territoire québécois.

Les questions du test

Le chef caquiste a donné quelques exemples des questions qui pourraient figurer au test des valeurs, qui serait un test de connaissance des valeurs figurant dans la Charte québécoise des droits et libertés. Il serait donc «facile» de réussir le test après avoir lu deux ou trois fois la Charte, selon lui.

«Est-ce que vous pensez que les femmes sont égales aux hommes? Est-ce que vous reconnaissez que l’État est laïque et que les lois passent avant la religion? Est-ce que vous reconnaissez qu’on a une société démocratique, non violente, respectueuse? Est-ce que vous reconnaissez que les homosexuels ont les mêmes droits que les autres dans notre société?»

Philippe Couillard manque de hauteur en ne voulant pas défendre ces valeurs, a soutenu le chef caquiste. Selon lui, c’est le chef du PLQ qui «fait peur au monde», avec son candidat dans Taillon, Mohammed Barhone, qui a déclaré qu’un gouvernement de la CAQ ferait un nettoyage de l’immigration, pour ensuite présenter des excuses.

Pour sa part, le chef péquiste Jean-François Lisée a affirmé que son adversaire caquiste essayait plutôt de réparer les pots cassés vendredi, à la suite du débat, en diminuant les attentes par rapport à son test des valeurs.

«(M. Legault) est clairement en gestion de crise aujourd’hui», a déclaré M. Lisée en mêlée de presse à Québec. Selon lui, M. Legault ne fait que «créer de l’incertitude» pour des candidats à l’immigration qui choisiraient le Québec mais ne sauraient pas s’ils pourraient rester après trois ans, alors qu’au bout du processus, tout le monde pourrait rester ou presque.

«(M. Legault) affirme que tout ce que la CAQ nous a dit depuis des mois sur son test, oubliez ça, ça n’aura aucune importance, tout le monde va passer. Si ça ne fait pas de différence, pourquoi créer un suspense pendant trois ans.»

M. Lisée a assuré que le plan péquiste était «plus efficace et plus humain»: les candidats pourraient faire leurs cours de français, payés par le Québec, dans leur pays d’origine, puis ils signeraient une déclaration sur les valeurs du Québec et pourraient ensuite venir s’installer.

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