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Les chefs tentent de séduire les élus en région

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz
Caroline Plante et Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les chefs des quatre principaux partis politiques se sont réchauffés devant les membres de la Fédération québécoise des municipalités, jeudi matin, avant le dernier débat de la campagne électorale.

Ils ont tour à tour pris la parole devant les 1300 congressistes, au Palais des congrès de Montréal, pour promettre notamment l’Internet à haute vitesse sur tout le territoire québécois, le transfert d’un point de pourcentage de la TVQ aux municipalités, en plus du déménagement de centaines de fonctionnaires vers les régions.

Posés, polis, ils se sont tout de même décoché plusieurs flèches lorsqu’est venu le temps d’aborder les sujets les plus chauds de la campagne, en l’occurrence l’immigration, la pénurie de main-d’oeuvre et la décentralisation des services.

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a choisi de faire d’une pierre deux coups. «Ils viennent d’apprendre qu’avec un gouvernement de la CAQ, il y aurait 5000 fonctionnaires de moins dans le premier mandat, mais où va-t-on les prendre? s’est-il interrogé. Ils sont presque aussi inquiets que les 40 000 futurs immigrants qui viendraient au Québec sans savoir s’ils peuvent rester après trois ans.»

Le chef caquiste François Legault, le plus souvent ciblé par ses adversaires, a versé dans l’ironie pour saluer la «constance» de son rival du Parti libéral, Philippe Couillard.

«Il faut lui donner ça, M. Couillard est constant. Depuis 2003, il propose l’Internet à haute vitesse à chaque élection. Il est temps qu’on arrête de le promettre, ça devrait déjà être fait», a-t-il lancé.

La Fédération québécoise des municipalités représente quelque 1000 municipalités et MRC. Son président, Jacques Demers, a avancé jeudi que sous des taux de chômage très bas se cache le fait que le nombre d’emplois disponibles en région a diminué. Entre 2012 et 2017, les municipalités de moins de 10 000 habitants et les régions rurales du Québec ont perdu 50 000 emplois, a-t-il dit.

Pour Philippe Couillard, si le nombre d’emplois a diminué en région, c’est parce que des postes ont été abolis, faute de personnel. Dans ce contexte, il est «évident» qu’il ne faut pas réduire les seuils d’immigration.

«Pour un emploi créé, ça prend deux choses: un emploi et une personne, a-t-il déclaré. Si la démographie est négative, si l’on n’accueille pas assez de personnes dans nos régions, c’est le résultat automatique.»

En mêlée de presse après l’événement, M. Demers a confirmé que la pénurie de main-d’oeuvre était un problème criant en région, mais selon lui, ce n’est pas entièrement lié aux seuils d’immigration, que la CAQ et le PQ pourraient diminuer.

«Pour moi, ce qui m’inquiète le plus, c’est d’avoir des emplois dans ma région, que ça vienne de l’immigration, que ça vienne d’autres façons», a-t-il souligné.

Et selon M. Demers, les immigrants ne sont pas assez présents dans les régions à l’heure actuelle. «Ce qui est important, c’est d’en avoir chez nous, d’en avoir en région, ce qu’on n’a pas présentement.»

Le président de la FQM et maire de Sainte-Catherine-de-Hatley est également resté sceptique face à la promesse du chef libéral de mener «la plus grande décentralisation en région de l’histoire du Québec».

Il a rappelé que c’est le gouvernement libéral qui a réformé le système de santé au cours des dernières années pour le centraliser. «Les coupes de services en région, particulièrement en santé, ont fragilisé plusieurs communautés, a-t-il déploré. En région, nos sièges sociaux, ce sont entre autres nos caisses, nos directions de ministères, les directions de nos hôpitaux. Oui, les directions de nos hôpitaux!»

Plusieurs autres engagements.

Le thème très populaire de la décentralisation a été exploité par tous les chefs de partis.

M. Legault a notamment promis de transférer 5000 emplois de fonctionnaires vers les régions. «Moi, je veux que ce soit tous les ministères qui déposent un plan pour transférer des emplois en région», a-t-il déclaré.

Jean-François Lisée a également insisté sur ce point: «Nous, on va vous donner l’indépendance dans la gestion de vos fonds locaux et régionaux une fois pour toutes», a-t-il lancé. Le chef péquiste, qui juge «irréaliste» la promesse de M. Legault sur le déplacement de fonctionnaires en région, propose quant à lui de transférer environ 1800 fonctionnaires de certains ministères, dont celui des Pêches et de la Faune.

Parmi les autres promesses énoncées aux représentants municipaux, jeudi, MM. Couillard et Legault se sont engagés à assumer la moitié des coûts des services policiers pour les municipalités.

Actuellement, l’ensemble des municipalités assume 53 pour cent de ces coûts et le gouvernement en assume 47 pour cent. La facture des municipalités pour les services de la Sûreté du Québec s’élevait à 304,6 millions $ pour l’année 2017.

Le chef libéral a aussi promis de bonifier l’enveloppe dédiée au soutien des territoires confrontés à des difficultés économiques, qui serait doublée pour atteindre 60 millions $.

M. Couillard a indiqué que ses engagements s’inscrivent dans la foulée de la transformation entamée de la relation entre le gouvernement provincial et les municipalités, dorénavant reconnues comme de «véritables gouvernements de proximité».

Pour sa part, la coporte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a profité de sa tribune pour parler de l’importance des changements climatiques, un enjeu sur lequel son parti se distingue, selon elle.

«Québec solidaire, c’est main dans la main avec vous que nous voulons relancer une économie au service des gens et au service du territoire, a-t-elle soutenu. Nous voulons nous assurer que nous allons lutter contre les changements climatiques et non pas seulement s’arranger avec les impacts.»

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