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Blaine Higgs promet de traiter les contribuables du Nouveau-Brunswick comme des «clients»

James West / La Presse Canadienne Photo: James West / La Presse Canadienne

FREDERICTON — Blaine Higgs, qui prêtera serment vendredi pour devenir le 34e premier ministre du Nouveau-Brunswick, affirme que son gouvernement agira davantage comme un fournisseur de services — et traitera les contribuables comme des «clients».

Le chef progressiste-conservateur — un ingénieur de formation qui a passé une trentaine d’années chez Irving — dirigera un gouvernement minoritaire alors que la province fait face à des défis en matière de droits linguistiques, de finances publiques et de soins de santé.

«Je l’ai souvent dit pendant la campagne: le gouvernement doit être un fournisseur de services. Tous ceux qui travaillent pour le gouvernement travaillent pour les contribuables, que nous devrions traiter comme des clients», a déclaré M. Higgs jeudi.

Les conservateurs n’ont fait élire le 24 septembre qu’un député de plus que les libéraux, qu’ils ont évincés il y a une semaine en votant contre le discours du Trône. Donald Wright, politologue à l’Université du Nouveau-Brunswick, croit que M. Higgs devra adopter un ton conciliant dès le départ.

«Il hérite d’une législature très fracturée et très précaire: il devra jouer les bonnes cartes, estime le professeur Wright. Ce ne sera pas facile, mais ce n’est pas impossible: je pense que les Néo-Brunswickois s’attendent maintenant à ce que ces hommes et ces femmes déposent les armes et travaillent ensemble.» Selon le politologue, tout le monde suivra de près ce que fera le nouveau gouvernement conservateur avec la tarification du carbone, mais aussi la délicate dynamique linguistique dans cette province officiellement bilingue.

M. Higgs a promis de remédier à la pénurie d’ambulanciers paramédicaux, qui serait exacerbée par les exigences de bilinguisme à l’embauche, selon certains. Le professeur Wright estime que dans ce dossier, le chef conservateur devra marcher sur le fil du rasoir pour ne pas exacerber les tensions linguistiques dans cette province où, grosso modo, les Acadiens ont voté libéral et les anglophones conservateur.

M. Higgs admet d’ailleurs que cette ligne de fracture linguistique représentera un défi pour la composition de son cabinet, aussi dévoilée vendredi. «Certaines régions sont dépourvues d’élus (conservateurs), mais nous nous efforcerons certainement de représenter ces régions de manière significative (…) C’est notre travail, en tant que gouvernement, peu importe le cas de figure», a-t-il déclaré.

Gallant repentant

Le premier ministre libéral sortant, Brian Gallant, a par ailleurs admis jeudi qu’il aurait dû se préoccuper davantage de la question linguistique. «Au cours des quatre dernières années comme premier ministre, j’aurais dû parler davantage de bilinguisme», a-t-il estimé.

«J’aurais dû parler davantage des avantages économiques du bilinguisme. J’aurais aussi dû reconnaître plus souvent certaines des préoccupations de ceux qui estiment que le bilinguisme a eu un impact négatif sur leur vie. Et j’aurais aussi dû passer plus de temps à déboulonner certains mythes entourant le bilinguisme.»

M. Gallant s’est dit par ailleurs très fier de ses programmes d’éducation et de garderies, et il espère qu’ils ne seront pas abolis ou réduits par un gouvernement conservateur.

M. Higgs, quant à lui, a déclaré jeudi qu’il souhaitait mobiliser les Néo-Brunswickois, obtenir leur avis et les intégrer à la solution. Et cela commence, selon lui, en consultant la fonction publique. «Je ne viens pas avec une liste de solutions préconçues: j’aime beaucoup ces discussions au cours desquelles vous commencez à poser des questions comme « Selon vous, qu’est-ce qu’on devrait faire? ». Les gens sont presque étonnés qu’on leur demande leur avis.»

Les conservateurs peuvent former un gouvernement grâce au soutien des trois députés de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, un parti de droite plutôt opposé au bilinguisme institutionnel. Kris Austin, chef de l’Alliance, a déclaré que le parti soutiendrait les conservateurs sur les votes de confiance pendant au moins 18 mois.

Le gouvernement conservateur doit présenter son discours du Trône le 20 novembre, et M. Higgs a annoncé qu’il rencontrerait les représentants des autres partis la semaine prochaine pour obtenir leurs commentaires. Il a déjà promis de mettre l’accent sur une courte liste de priorités, contrairement aux nombreuses promesses faites dans le discours des libéraux minoritaires, qui voulaient rallier le plus large appui possible. «Ce ne sera pas une liste d’épicerie», promettait M. Higgs la semaine dernière.

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