Un collectif de médecins se prononce contre l’euthanasie
Quelques semaines après le dépôt du rapport de la commission Mourir dans la dignité, un collectif de médecins contre l’euthanasie a lancé mardi un appel à leurs collègues et à la population pour les sensibiliser aux dangers de l’euthanasie.
Les membres du collectif de médecins du Refus médical de l’euthanasie (CMRME) considèrent que l’injection létale n’est pas un soin, et va à l’encontre de leur profession, soit donner la vie ou la prolonger le plus longtemps possible.
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Un comité de juristes proposait, dans un rapport déposé le 15 janvier dernier, de revoir l’encadrement juridique de la fin de la vie pour permettre aux personnes mourantes de pouvoir choisir le lieu et le moment de leur mort. La ministre responsable du dossier Mourir dans la dignité, Véronique Hivon, souhaite déposer un projet de loi en ce sens d’ici la fin de l’année.
Le porte-parole du CMRME, le Dr Patrick Vinay, craint que les hôpitaux ne soient plus des endroits sécuritaires, si une loi permettant l’euthanasie est adoptée par le gouvernement du Québec.
Le chef des soins palliatifs de l’hôpital Notre-Dame a également souligné que plus de 300 000 erreurs médicales ont lieu chaque année dans la province, et que la pratique de l’euthanasie n’y échapperait pas. «Les gens auront peur d’emmener leurs proches dans les hôpitaux, si le meurtre y est admis, a-t-il affirmé. Et cette peur sera justifiée.»
Le président du comité de juristes qui a déposé son rapport sur la question de mourir dans la dignité, Jean-Pierre Ménard, regrette que le CMRME véhicule ce message, qu’il considère être de la désinformation. «C’est malheureux que des gens aussi instruits tiennent des propos aussi exagérés, qui ne tiennent pas du tout compte de la réalité», estime-t-il.
Les médecins du CMRME craignent que la légalisation de l’euthanasie n’entraîne des dérapages et affecte les personnes les plus vulnérables.
Selon le rapport déposé le mois dernier, des balises très strictes encadreraient pourtant l’aide médicale à mourir. Mais le Dr Marc Beauchamp, membre du CMRME, estime que cela n’est pas suffisant, puisque ces balises ne pourront jamais être totalement objectives.
«Comment établir des balises pour définir ce qu’est une souffrance invivable? s’est-il interrogé. Nous ne sommes même pas en mesure de d’estimer précisément le temps qu’il reste à vivre à un patient en phase terminale.»
Me Ménard assure que les mécanismes qui ont été pensés par son comité d’experts protègeront de façon absolue les personnes vulnérables. Il rappelle qu’actuellement, l’euthanasie se pratique déjà de façon clandestine au Québec, et que les balises établies empêcheront justement tout dérapage. «Ce serait vraiment penser que tout le monde est de mauvaise foi et incompétent que de dire que ces balises ne tiendront pas.»
Le Collège des Médecins, qui s’est déjà positionné en faveur de la légalisation de l’euthanasie, n’a pas voulu commenter la sortie du CMRME, puisqu’un groupe de travail est en train de rédiger un second rapport sur la question dans le cadre des travaux de la commission sur la question de Mourir dans la dignité.