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Impact contesté des maisons closes

Des groupes de femmes ne s’entendent pas sur le fait que les maisons closes puissent réduire la violence faite aux prostituées.

La Cour d’appel de l’Ontario a reconnu, le 26 mars, l’inconstitutionnalité d’un article du Code criminel qui interdit les maisons closes. Cela pourrait avoir une incidence au Québec d’autant que le jugement risque d’être porté en appel devant la Cour suprême du Canada. 

Selon le plus haut tribunal de l’Ontario, ce type d’établissement permettrait aux prostitués de travailler dans un environnement plus sécuritaire. Mais du même souffle, la cour maintient l’interdiction de solliciter des clients.

La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) ne croit pas que ces établissements réduiront la violence. Selon l’organisme, il s’agit d’une «approche d’autruche» dans la mesure où la société ne chercherait qu’à cacher la prostitution sans régler le problème. «La prostitution se passe déjà exclusivement à l’intérieur et ça n’empêche pas qu’il y ait de la prostitution juvénile, du crime organisé, des agressions et du trafic de drogues», a affirmé Julie de la CLES, une jeune femme qui a commencé à travailler dès l’âge de 16 ans pour une agence d’escortes.

«Dans les bordels, on s’entend pour dire que ceux qui vont y travailler, seront les plus belles, les plus jeunes, les plus maigres et c’est un petit pourcentage de la masse de femmes qui sont dans la prostitution, a ajouté Marie qui s’est prostituée pendant 15 ans de sa vie. On ne me fera pas croire que les agences d’escortes engagent facilement quelqu’un de 35 ans.»

L’organisme Stella, qui milite pour l’amélioration de la qualité de vie des travailleuses du sexe, considère au contraire qu’une légalisation des maisons closes serait une bonne chose. «Oui, il y a de la violence à l’intérieur comme à l’extérieur, mais quand les travailleuses du sexe ont un statut de criminelles, il y a un climat d’impunité qui règne», a souligné Émilie Laliberté, directrice générale de Stella.

En décriminalisant les maisons closes, les femmes hésiteraient moins à porter plaintes. L’installation des caméras de surveillance ou la présence d’agents de sécurité dans ces maisons pourraient aussi dissuader les personnes mal intentionnées, selon Mme Laliberté. D’ici à ce que le Code criminel soit modifié ou que la cause se rende en Cour suprême du Canada, les maisons closes restent interdites au Québec.


Les plaignantes iront en appel

Les trois demanderesses qui ont porté l’affaire en Cour d’appel ont jugé d’un bon œil la décision d’invalider l’interdiction de tenir une maison de débauche. Le jugement maintient toutefois l’interdiction pour les travailleuses du sexe de solliciter des clients. Les plaignantes ont confirmé à Stella qu’elles en appelleront de cette décision.

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