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Mieux vaut rire de la politique qu’en pleurer

Photo: Denis Beaumont/Archives Métro

L’émergence de l’humour absurde au Québec pourrait être révélatrice d’un blocage politique dans la province, croient certains chercheurs.

«On s’est rendu compte que dans les sociétés où il y a un blocage politique, comme la Belgique, qui a été sans gouvernement pendant un an et demi, on voit souvent une émergence de l’humour absurde», indique Catherine Côté, de l’Université de Sherbrooke.

La professeure participera demain à Viv(r)e l’humour politique!, un panel sur l’humour politique qui aura lieu dans le cadre du 23e Congrès mondial de science politique, au Palais des Congrès de Montréal.

Mme Côté cite en exemple le groupe Ding et Dong, qui a commencé ses spectacles au début des années 1980, soit peu de temps après la tenue du premier référendum québécois sur la souveraineté. L’impasse politique qui s’en est suivie et qui perdure encore aujourd’hui fait partie des hypothèses pouvant expliquer l’émergence de duos comme Les Denis Drolet et de plusieurs nouveaux humoristes du genre.

«Le Québec n’a toujours pas signé la Constitution, et il y a une sorte de statu quo. Personne ne propose de solution réelle. Les gens sentent qu’il n’y a pas d’issue, ni du côté fédéraliste ni du côté souverainiste», ajoute Mme Côté.

Résultat: cette dure période se refléterait dans les textes des humoristes sur scène. «On essaie de trouver un sens à ce qui se passe autour de nous, mais on n’y arrive pas. Donc, on fait de l’humour absurde», explique la professeure.

De façon générale, les chercheurs qui s’intéressent à l’humour politique considèrent que les humoristes comme Yvon Deschamps, Guy Nantel et les émissions du type Infoman sont plutôt bénéfiques pour la société.

«Ça fait en sorte que les gens ont davantage d’intérêt pour la chose politique. Ils se posent des questions et, tranquillement, changent leur mentalité», avance Mme Côté.

Un avis partagé par le jeune humoriste engagé Fred Dubé, qui tient, dit-il, à «cultiver la curiosité, pour ensuite attiser la révolte».

«Avant que les mains se mettent en route, il faut que le cerveau leur dise quoi faire. Alors l’humoriste s’attaque au cerveau, pour qu’ensuite les gens fassent ce qu’ils veulent de leurs mains et de leurs pieds», illustre l’humoriste actuellement en spectacle au Zoofest.

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La professeure ajoute cependant que la tendance des humoristes à «mettre tous les politiciens dans le même panier» peut donner une image négative des élus.

«On fait souvent des blagues sur les politiciens, mais très peu sur la politique, nuance Fred Dubé. Si on met de l’information dans notre humour et qu’on attaque plutôt les idéaux des politiciens, là ça peut marcher.»

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