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André Bellavance quitte le Bloc québécois

Photo: Archives Métro

OTTAWA – Un à un, les députés du Bloc québécois quittent le parti: André Bellavance a annoncé lundi matin son départ et fait savoir qu’il ne briguera pas un autre mandat.

En point de presse à Victoriaville, celui qui représente la circonscription de Richmond-Arthabaska a précisé qu’il restera député jusqu’aux prochaines élections fédérales de 2015, mais qu’il siégera d’ici là comme indépendant.

Il ne cherchera pas à rejoindre un autre parti.

En annonçant sa décision, il a critiqué le chef Mario Beaulieu et s’est dit en désaccord avec les orientations qu’il a données au parti.

Celui-ci, un pur et dur de la souveraineté, a gagné la course à la direction en martelant qu’il fallait remettre l’indépendance du Québec à l’avant-plan de la politique du Bloc, et du même souffle, qu’il fallait mettre au rancart l’attitude «étapiste et attentiste» adoptée par les derniers chefs.

M. Bellavance croit que de «prêcher aux convertis» ne donne rien. Il dit vouloir un parti inclusif et non pas exclusif.

Il a admis qu’à l’aube de chaque élection, un questionnement survient avant d’entamer un autre mandat, et que cette fois-ci, la grogne qui règne au parti a précipité sa réflexion.

Député depuis 10 ans, M. Bellavance a dénoncé l’ambiance malsaine qui règne désormais au Bloc.

«Je ne me sentais plus à l’aise de demeurer au sein de cette équipe, a-t-il déclaré en point de presse. Je ne sens pas qu’on s’en va dans la bonne direction.»

Selon M. Bellavance, une chasse aux sorcières a lieu au sein de la formation politique. «Ça devient un club réservé à ceux qui passent un test de pureté indépendantiste. Moi, on m’a demandé de quitter parce qu’on a dit que je n’étais pas assez souverainiste», a-t-il déploré, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Pour le député bloquiste Louis Plamondon, perdre un joueur est toujours décevant.

Mais s’il dit qu’il s’agit là d’une décision personnelle, il affirme être en désaccord avec celle-ci.

«Il quitte en disant qu’il est toujours souverainiste. Or, comment pouvons-nous servir la souveraineté en étant seuls dans le champ? Plutôt que d’essayer de regrouper tout le monde ensemble pour obtenir notre objectif», a-t-il dit.

Le doyen du Parlement tente de minimiser l’impact du départ du député, militant bloquiste depuis 1993.

D’abord, les différences de discours entre MM. Beaulieu et Bellavance ne sont pas aussi marquées que ce dernier le laisse entendre dit-il. Et s’il s’agit d’«un mauvais moment à passer», la bataille électorale va plutôt se jouer sur le terrain, souligne M. Plamondon sans hésiter.

Le Bloc québécois vit de grands remous. Au cours des dernières semaines, le député Jean-François Fortin a quitté le caucus pour siéger comme indépendant, en citant, lui aussi, des différences irréconciliables avec le chef Mario Beaulieu.

Peu après, le député Claude Patry a fait savoir qu’il ne chercherait pas à se faire élire aux élections fédérales en 2015, restant muet sur les raisons de son départ.

Depuis l’élection de Mario Beaulieu à la mi-juin, la dissension semble régner et le Bloc s’affaiblit. «Il y a un paquet de gens qui ne se sentent pas à l’aise», a affirmé lundi M. Bellavance.

Le député de Richmond-Arthabaska refuse toute suggestion à l’effet qu’il a lui-même nui au Bloc en démissionnant. Un parti n’est pas l’affaire d’un seul homme, dit-il. Il croit qu’il aurait fait du tort en y restant.

M. Bellavance avait tenté de se faire élire chef de la formation politique, mais a perdu face à Mario Beaulieu.

Mario Beaulieu s’est dit «déçu» lundi du départ de M. Bellavance. Il n’a toutefois pas été cinglant envers lui comme ce fut le cas avec Jean-François Fortin.

«Monsieur Bellavance était en réflexion quant à son avenir politique depuis le résultat de la course à la direction. Malheureusement, il ne s’est jamais vraiment rallié malgré toutes nos tentatives de rapprochement», a déclaré M. Beaulieu dans un communiqué.

Il a toutefois reconnu que sa tâche devient de plus en plus difficile avec les départs qui s’accumulent.

«J’étais conscient dès le départ que ce ne serait pas facile. Ce matin la pente devient encore plus abrupte, mais ce serait de sous-estimer la résilience et la détermination du mouvement indépendantiste que de croire que nous n’allons pas nous relever (et) remonter la pente», a-t-il ajouté.

M. Beaulieu n’a pas retourné nos appels pour une entrevue.

Quant à l’avenir du Bloc, M. Bellavance avoue avoir des appréhensions.

Dans l’immédiat, il dit n’avoir d’autres plans que de finir son mandat et de représenter les citoyens de sa circonscription. Rien n’est décidé pour la suite, a précisé l’homme de 50 ans. Interrogé sur la possibilité de rejoindre le Parti québécois, il signale que cette option est trop éloignée dans le temps pour se prononcer, mais il ne ferme pas la porte.

Outre Claude Patry qui ne sera pas de la partie en 2015, il ne reste plus que Louis Plamondon comme député bloquiste à Ottawa.

Au plus fort de sa popularité, le Bloc québécois comptait 54 députés et a déjà constitué l’opposition officielle à Ottawa.

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