Soutenez

L'insécurité alimentaire nuit aux enfants inuits

Bob Weber - La Presse Canadienne

La faim est si répandue dans les familles inuites du nord du Québec que cela pourrait expliquer pourquoi près de la moitié des enfants de la région sont plus petits que la moyenne, suggère une nouvelle étude.

Un article publié dans le Journal de l’Association canadienne de santé publique affirme que les différences de taille entre les enfants inuits laissent penser que l’insécurité alimentaire est un problème persistant, et non un événement qui se produit de temps à autre.

Au cours des dernières années, plusieurs études ont documenté l’insécurité alimentaire des Inuits, qui se produit lorsqu’une famille estime qu’elle n’a pas assez de nourriture sur la table, et lorsque les enfants ou les adultes doivent manger moins en conséquence.

Une étude de l’Université McGill menée en 2010 a permis de déterminer que 41 pour cent des enfants du Nunavut âgés de trois à cinq ans vivaient dans une résidence où ils n’ont pas eu de nourriture pendant une journée entière, ou dont les parents n’avaient pas les moyens de les nourrir pendant un certain temps. Les deux tiers des parents ont indiqué qu’il leur arrivait de ne plus avoir de nourriture et ne pas avoir les moyens d’en acheter d’autre.

Selon une étude menée en 2012 par Statistique Canada, 22 pour cent des Inuits ont rapporté avoir eu faim durant l’année précédente parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’acheter de la nourriture.

Les nutritionnistes du Nunavut ont déterminé que près des trois quarts des enfants inuits d’âge préscolaire vivaient dans des familles touchées par l’insécurité alimentaire. La moitié des jeunes Inuits de 11 à 15 ans vont parfois se coucher le soir avec la faim au ventre.

L’étude publiée mercredi, menée par des chercheurs affiliés à l’Université Laval, serait la première à se pencher sur les conséquences physiques de l’insécurité alimentaire dans le Nord. Les chercheurs se sont attardés à 294 enfants âgés de 8 à 14 ans vivant dans plusieurs villages du Nunavik, dans le nord du Québec. Environ la moitié de ces enfants venaient de familles vivant dans l’insécurité alimentaire.

Les chercheurs ont découvert qu’il existait une importante corrélation entre les retards de croissance des enfants et l’insécurité alimentaire.

«Les enfants vivant dans l’insécurité alimentaire étaient significativement plus petits de taille, en moyenne de deux centimètres, que leurs camarades bénéficiant d’une sécurité alimentaire, affirme le rapport des chercheurs. Pour des enfants de ce groupe d’âge, cela représente près de la moitié de la croissance annuelle.»

Les chercheurs ont aussi constaté que les enfants souffrant de la faim avaient tendance à être plus touchés par l’anémie.

«Les résultats de cette étude soulèvent des inquiétudes sur les implications à long terme de l’insécurité alimentaire au Nunavik», conclut le rapport.

Plusieurs facteurs expliqueraient les problèmes d’insécurité alimentaire dans le Nord.

Les emplois y sont rares et le prix très élevé des aliments vendus dans les épiceries limitent la quantité de nourriture qu’une famille peut acheter. Les aliments traditionnels — comme le caribou, le phoque ou l’omble chevalier — restent dispendieux parce que les chasseurs doivent acheter de l’équipement de chasse et des munitions.

Le gouvernement fédéral subventionne le coût du transport vers le Nord des aliments considérés comme nutritifs et bénéfiques pour la santé, mais les Inuits se demandent si ce programme permet vraiment de diminuer le coût de la facture d’épicerie.

Lors de son passage à Iqaluit, plus tôt cette semaine, le premier ministre Stephen Harper a fait face à des manifestants qui dénonçaient le coût élevé des aliments dans le Nord.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.