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Infrastructures: la CDPQ à la rescousse de Québec

MONTRÉAL – Faute d’argent pour réaliser d’importants projets, le gouvernement Couillard a conclu une entente avec la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui permettra à l’institution d’investir dans les infrastructures dans l’espoir d’engranger des profits.

Le partenariat dévoilé mardi prévoit que Québec identifiera des projets que le gestionnaire des régimes de retraite et d’assurance publics prendra en charge — du début à la fin — s’il juge leur potentiel suffisamment intéressant.

Deux projets nécessitant des investissements totaux de 5 milliards $ ont déjà été identifiés, soit un système de transport collectif sur le nouveau pont Champlain ainsi que le train de banlieue visant à desservir l’ouest de Montréal — une promesse électorale des libéraux.

«Compte tenu du niveau d’endettement (…) l’option était de ne pas faire les projets où les faire à moitié», a souligné le premier ministre Philippe Couillard, en conférence de presse.

L’annonce a mobilisé plusieurs dignitaires, puisque le président et chef de la direction de la CDPQ, Michael Sabia, le ministre des Finances, Carlos Leitao, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, ainsi que le maire de Montréal, Denis Coderre, étaient également sur place.

Cette entente permettra au gouvernement Couillard de minimiser l’impact de ces importants projets d’infrastructures sur ses finances publiques, puisqu’ils ne figureront pas dans son bilan financier. Les deux projets s’ajoutent aux quelque 90 milliards $ prévus d’ici 2024 dans le cadre du Plan québécois des infrastructures.

Des amendements seront ainsi rapidement proposés à la Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec afin de permettre à l’institution de créer une nouvelle filiale — CDPQ Infra — dont le modèle devrait ressembler à celui de son bras immobilier, Ivanhoé Cambridge.

Les changements devraient aussi permettre à la CDPQ — dont l’actif s’élève à 214,7 milliards $ — d’être l’actionnaire de contrôle des projets sélectionnés, puisqu’en vertu de la réglementation actuelle, la participation de l’institution ne peut dépasser 30 pour cent.

Aux côtés du premier ministre, M. Sabia a expliqué que cette entente était l’aboutissement de la «convergence d’intérêts» entre les deux parties. Depuis 2012, la Caisse a exprimé à plusieurs reprises son intérêt à l’endroit des infrastructures québécoises.

«Nous avons la garantie d’un investisseur et un opérateur expérimenté, a ajouté M. Couillard. Comment ça se fait que la Caisse est présente partout dans le monde et pas au Québec?»

Le premier ministre a vanté l’entente, faisant valoir que contrairement à un partenariat public-privé, les Québécois devraient profiter des bénéfices. «Le rendement (des projets) ne va pas à l’étranger mais reste dans le bas de laine des Québécois», a-t-il affirmé.

MM. Couillard et Sabia ont également tenté de se montrer rassurants en réitérant que l’entente ne représentait pas un rapprochement entre la CDPQ et le gouvernement du Québec.

«Pas question de dicter quoi que ce soit à la Caisse, a dit le premier ministre. La Caisse peut (…) dire « non, ce projet de loi n’est pas éligible » et nous allons respecter cette indépendance.»

La CDPQ — dont le portefeuille d’infrastructures surpassait 10 milliards $ en date du 30 juin dernier — pilotera du début à la fin tous les projets qu’elle sélectionnera; elle assurera ainsi le financement, la réalisation ainsi que l’exploitation à long terme.

L’investisseur institutionnel estime que les projets du transport collectif sur le pont Champlain ainsi que le train de l’Ouest devraient être complétés d’ici 2020.

Selon M. Sabia, l’expérience acquise depuis plus de 15 ans dans des projets comme le port de Brisbane en Australie, l’aéroport britannique Heatrow ainsi que la société de transport européenne Keolis démontre que la CDPQ est capable de livrer des projets dans les délais tout en respectant les paramètres budgétaires.

Questionné par les journalistes, le dirigeant de la Caisse a affirmé que l’investisseur institutionnel n’allait pas profiter de sa mainmise sur les deux projets identifiés pour imposer des tarifs qui pourraient décourager les utilisateurs.

«C’est le volume (d’usagers) qui compte, a-t-il dit. Nous allons essayer de faire presque n’importe quoi pour faire baisser les tarifs et encourager l’utilisation. C’est ce qui procure une meilleure performance financière.»

M. Sabia a également expliqué que la Caisse avait l’intention de demeurer l’actionnaire de contrôle de ces projets à «long terme», mais qu’il n’est pas impossible qu’elle s’allie à certains partenaires.

«Probablement, à un moment donné, nous allons inviter un ou d’autres investisseurs à se joindre à nous, a-t-il expliqué aux journalistes. Mais nous allons seulement inviter des investisseurs (intéressés par) le long terme.»

Les appels d’offres seront coordonnés par la CDPQ et validés par un vérificateur indépendant. Les soumissionnaires devront avoir reçu le feu vert de l’Autorité des marchés financiers afin d’obtenir des contrats supérieurs à 5 millions $.

Même si la Caisse possède des participations dans des firmes comme SNC-Lavalin (TSX:SNC) et WSP Global (TSX:WSP) qui pourraient avoir l’oeil sur les projets pilotés par l’institution, M. Sabia a expliqué qu’il n’y aura pas de favoritisme à l’endroit de ces entreprises.

«Notre objectif est d’avoir un appel d’offres transparent (…) pour encourager et intensifier la concurrence, a-t-il observé. Nous aurons le levier pour faire baisser les coûts. C’est la façon pour obtenir des tarifs les plus bas possibles.»

Dans une note d’analyse, Dominion Bond Rating Service (DBRS) a observé que l’entente cadrait dans la stratégie de la CDPQ d’augmenter sa présence dans le secteur des infrastructures.

«Cela permet à la Caisse de profiter de son expertise sur le marché québécois pour répondre aux besoins quant aux infrastructures», souligne l’agence de notation, ajoutant qu’elle n’avait pas l’intention de modifier la cote de crédit de l’institution.

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