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«Devons-nous nous plier à ce qui est sacré pour d’autres?» dit une journaliste de Charlie Hebdo

Photo: Yves Provencher/Métro

La laïcité est la seule option viable pour les sociétés multiethniques, insiste Zineb El-Rhazoui, journaliste au journal satirique français Charlie Hebdo.

Alors que le débat sur la laïcité de l’État québécois reprend de la vapeur, Mme El-Rhazoui, qui a échappé à l’attentat du 7 février contre sa publication qui s’est soldé par la mort de 12 personnes, a vivement pris la défense de la laïcité lors d’une allocution à Montréal, lundi.

«La laïcité, c’est l’unique modus vivendi qui permet à une société où il y a des gens d’horizons différents de cohabiter ensemble dans la paix», a-t-elle déclaré. Revenant sur l’attaque de Charlie Hebdo, qui a été menée en guise de représailles aux caricatures du prophète Mahomet publiées dans le journal, elle a ajouté que les médias doivent avoir le droit de critiquer, voire ridiculiser les religions.

«[Il faut] sanctuariser la liberté et le droit au blasphème. C’est la frontière entre la civilisation et la barbarie, croit-elle. L’intégration, pour nous, à Charlie Hebdo, c’est aussi le fait que l’islam soit traité de la même façon que les autres religions dans ce pays. Que l’islam accepte le sens de l’humour et se plie à la laïcité.» Charlie Hebdo a été tout aussi, sinon plus, cinglant avec les autres religions au fil des ans, a-t-elle fait savoir.

«Si nous acceptons qu’une fille issue d’un milieu culturel [ait des droits différents des nôtres], c’est fini. C’est le début de la fin de la civilisation.» -Zineb El-Rhazoui, journaliste avec Charlie Hebdo

Il ne faut pas avoir peur de critiquer certains comportements qui ne sont pas compatibles avec l’espace public laïc, croit-elle. Par exemple, il ne faut pas accepter que certaines personnes issues de communautés religieuses soient régies par des lois qui leur sont propres, plutôt que par les lois communes du pays où ils vivent.

«Les gens qui acceptent, qui disent “laissez-les tranquilles, ils font partie d’une autre culture, donc nous allons accepter ce qu’ils font et fermer les yeux parce que nous voulons pas nous faire accuser de racisme”, pour moi, en tant que femme qui provient d’une culture musulmane, c’est du racisme, a-t-elle laissé tomber. C’est dire que ces gens-là ne sont pas capables de s’universaliser, qu’ils ne le méritent pas.»

«Si certains nous font croire que la laïcité sera un danger pour la liberté de culte, je rappelle que les pays qui ne sont pas laïcs ne permettent pas la liberté de la religion», estime-t-elle.

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