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Le problème de français des enseignants doit être attaqué sur plusieurs fronts, dit la FAE

Photo: Métro

Des étudiants en enseignement peinent à maîtriser la langue française. Jusqu’à la moitié des futurs enseignants échouent au premier essai le test obligatoire de certification en écrit pour l’enseignement, a rapporté lundi le Journal de Montréal. Pour le président de la Fédération autonome de l’enseignant (FAE), Sylvain Malette, il faut s’attaquer au problème sur plusieurs fronts.

Est-ce que le taux de réussite de 50% au test de certification en écrit pour l’enseignement représente la réalité sur le terrain, selon vous?
Je constate qu’il y a des difficultés. Cependant, il faut voir la problématique plus largement parce que c’est la problématique du français en général au Québec. C’est l’ensemble des niveaux d’enseignement qu’il faut viser parce qu’avant d’arriver à l’université, les étudiants passent par le cégep et avant de passer au cégep, ils passent par le secondaire et, préalablement, par le primaire.

Comme organisation syndicale, on défend le retour des connaissances dans les programmes de formation. On a proposé une refonte du programme du français en première et deuxième année. On a réuni des profs pendant un an qui ont retravaillé le programme, qui ont rehaussé les niveaux et qui ont enrichi les contenus. Ils ont identifié les notions essentielles. Actuellement, on est dans une logique selon laquelle ce que l’enfant n’a pas appris en première année, il l’apprendra en deuxième année et ce qu’il n’a pas appris en deuxième année, il l’apprendra en troisième année. Non. Il faut annualiser les contenus.

Que faut-il faire selon vous pour améliorer la formation des enseignants?
Il faut revenir à un enseignement disciplinaire. Les gens qu’on forme dans les universités, on en a fait des spécialistes de la pédagogie. Nous, on dit qu’un prof au primaire et au secondaire doit d’abord être un spécialiste de la matière qu’il enseigne. J’ai constaté que dans plus de 73% des cas, les difficultés provenaient des accords de verbe. Ça rejoint notre revendication selon laquelle en français, il faut concentrer les apprentissages sur la grammaire.

Il ne faut pas prétendre que les profs qui enseignent actuellement ne savent pas écrire le français. Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable: il y a des difficultés, qui s’expliquent par une multitude de décisions qui ont été prises. Quand on affaiblit les programmes de formation au primaire, quand on ne fournit pas les ressources d’orthophonie et d’orthopédagogie, il y des conséquences.

Selon vous, depuis quand les programmes d’apprentissage du français sont devenus moins exigeants?
On tient responsable la réforme de l’éducation parce que c’est clair qu’on est en deçà des résultats qu’on obtenait avant la réforme. Ensuite, c’est multifactoriel. D’un point de vue intellectuel, ce serait court de ma part de dire que c’est juste la réforme. Il y a aussi la situation du français au Québec, les réseaux sociaux et la difficulté de valoriser notre langue. Pas juste à l’école, dans les milieux de travail aussi.

Faudrait-il faire des états généraux sur la qualité du français au Québec?
On a déjà proposé de tenir une réflexion collective sur l’état de l’école publique, ce qui inclut la question de la qualité du français. Plutôt que d’y aller morceau par morceau, on pense qu’il faut prendre un temps d’arrêt pour refonder l’école publique.

En avez-vous parlé au gouvernement?
On a interpellé l’ancien ministre Yves Bolduc. Évidemment, on va demander une rencontre avec le nouveau ministre de l’Éducation, [François Blais]. On sait que le ministère travaille sur une stratégie sur l’apprentissage de la langue française. On a pu soumettre des noms de personnes qui pourraient travailler à ce comité. On sait que les travaux doivent débuter dans les prochaines semaines. Avec le changement de ministre, on a aucune idée où est-ce que ça s’en va.

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