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Beauchamp démissionne, arrive Courchesne

QUÉBEC – Épuisée par 13 semaines de conflit avec les associations étudiantes, la ministre de l’Éducation et vice-première ministre Line Beauchamp est tombée au combat, lundi, tirant un trait sur sa carrière politique.

La responsabilité de l’Éducation et la lourde tâche de résoudre la crise ont été confiées à la présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, qui a aussitôt convoqué à Québec les représentants des associations étudiantes et ceux des collèges et des universités.

Au terme de ses rencontres mardi _ l’une avec les étudiants, l’autre avec les dirigeants des collèges et les recteurs _ la nouvelle ministre fera rapport sur l’état de la situation au premier ministre Jean Charest.

Le gouvernement assumera alors «ses responsabilités et prendra ses décisions», a dit M. Charest en conférence de presse aux côtés de la nouvelle femme forte du gouvernement.

«Je tiens à donner à tous les Québécois l’assurance que tous les moyens sont et seront pris pour assurer leur sécurité, le respect de nos lois et surtout de notre démocratie», a-t-il déclaré d’un ton grave, s’adressant à ses «compatriotes» par le biais des médias.

De bonne foi, le gouvernement a fait tout ce qu’il a pu mais les leaders étudiants ont ignoré la main tendue, a fait valoir le premier ministre. Il a rappelé les efforts déployés ces dernières semaines pour aplanir les différends: bonification du programme de prêts et bourses, mise en place d’un mécanisme de remboursement de la dette proportionnel au revenu et étalement sur sept ans de la hausse des droits de scolarité.

«Nous avons été à leur écoute. À trois reprises, nous avons fait des modifications et tendu la main. En retour, nous obtenons toujours la même fin de non-recevoir. La réponse est toujours la même, c’est non», a soulevé M. Charest.

Le premier ministre a acquis la conviction que le conflit actuel n’a plus rien à voir avec la question de l’accessibilité aux études supérieures. Les événements violents de Victoriaville, le non-respect des injonctions et le sabotage du métro de Montréal jeudi dernier ont poussé sa patience à bout.

«Tout ça pourquoi? Une augmentation annuelle équivalent à 50 sous par jour, pour avoir finalement les plus bas droits de scolarité au Canada avec le plus généreux régime de prêts et bourses du Canada», a-t-il soulevé.

De son côté, la ministre Courchesne a fait comprendre que l’heure n’est plus au compromis dans ce dossier, du moins pour le gouvernement.

Le plan de financement des universités, c’est-à-dire la hausse des droits scolaires, va être appliqué quoi qu’en pensent les leaders étudiants, a-t-elle mentionné d’entrée de jeu.

«Je compte m’assurer du droit à l’éducation pour tous, de l’accessibilité aux études supérieures pour tous et de la nécessité de maintenir la qualité de nos grandes institutions que sont les universités. Nous le ferons par la mise en oeuvre du plan de financement», a dit celle qui a dirigé le ministère de l’Éducation de 2007 à 2010.

Mme Courchesne est d’autant plus en terrain connu qu’elle a participé, fin avril, au marathon de négociations sur l’entente avortée avec les représentants des associations étudiantes.

Quant à Mme Beauchamp, elle a annoncé lundi qu’elle quittait ses fonctions et son siège de députée de Bourassa-Sauvé, disant espérer que son départ aura l’effet d’un «électrochoc» pour convaincre les chefs de file du mouvement de boycott de faire des compromis.

Flanquée du premier ministre Charest, Mme Beauchamp a expliqué qu’elle ne pouvait plus demeurer en poste, ayant perdu confiance en la volonté des leaders étudiants de mettre fin au conflit.

Selon elle, la dernière séance de pourparlers téléphoniques avec les représentants des associations étudiantes au cours de la journée de lundi a été fort révélatrice en ce sens.

«Ma dernière conversation téléphonique avec les représentants des quatre associations étudiantes m’a amenée à constater que personnellement, j’avais perdu confiance dans leur volonté de régler le conflit et que nous ne partagions pas les mêmes valeurs de respect de la démocratie et des élus de l’Assemblée nationale», a déclaré Mme Beauchamp.

La ministre avait tenté jeudi dernier un ultime rapprochement avec ses interlocuteurs dans l’espoir de dénouer la crise. Elle avait proposé aux étudiants la tenue d’une commission parlementaire pour identifier «les économies dans la gestion des universités applicables à une diminution de la contribution étudiante». La suggestion s’est butée lundi à une fin de non-recevoir.

«Ma question était simple: faites vous confiance ou pas aux élus du peuple québécois. La réponse a été non. Les associations étudiantes ne font pas confiance aux élus du peuple», a-t-elle regretté.

Même l’évocation d’un moratoire sur les droits de scolarité _ réclamé par plusieurs groupes _ ne trouvait plus une oreille attentive chez les dirigeants étudiants, selon la ministre démissionnaire.

«Les leaders étudiants m’ont confirmé que cette proposition d’un moratoire ne suffisait pas pour qu’ils invitent leurs membres à rentrer en classe. Ils y ajoutent une condition: la tenue d’états généraux sur les universités. (…) Même l’hypothèse d’une trêve, avancée par certains de nos concitoyens, est rejetée par les leaders étudiants», a-t-elle raconté.

Mme Beauchamp a pris soin de souligner qu’elle ne démissionnait pas à cause de la violence, ni de l’intimidation, ni du vandalisme, ni de la désobéissance civile, mais parce qu’elle estimait qu’elle ne pouvait plus faire partie de la solution.

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