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L’agence canadienne d’espionnage se plaint de Snowden

OTTAWA – L’agence canadienne d’espionnage électronique estime que les fuites d’Edward Snowden «réduisent l’avantage» qu’elle détenait sur les terroristes, à court terme mais aussi — plus inquiétant encore — à long terme.

Dans des notes internes récemment obtenues, le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) soutient qu’en dévoilant certains détails des activités d’espionnage de l’agence et de ses alliés, les fuites de l’ancien consultant auprès des services secrets américains ont «nui» à la lutte contre le terrorisme.

Le CST surveille les communications en provenance de l’étranger qui seraient d’intérêt pour le Canada, mais il échange aussi ses informations avec ses partenaires des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Australie et de Nouvelle-Zélande — dans le cadre de l’entente appelée «Five Eyes».

Les notes de synthèse, obtenues par La Presse Canadienne grâce à la Loi sur l’accès à l’information, avaient été préparées en vue de la comparution de la chef du CST, Greta Bossenmaier, devant un comité de la défense des Communes, le 25 mars dernier.

Les documents remis par M. Snowden à certains médias révèlent notamment que l’Agence américaine de sécurité nationale — l’équivalent du CST — a discrètement obtenu des entreprises Internet un accès à une masse incalculable de courriels, de clavardages et de données sur des appels téléphoniques. Les documents laissent aussi entendre que le Canada a aidé les Américains et les Britanniques à espionner les participants au sommet du G20 de 2009, à Londres, et que le CST a élaboré une opération complexe pour espionner le ministre brésilien des Mines et de l’Énergie.

Les défenseurs du droit à la vie privée et les libertariens ont salué les fuites de M. Snowden sur les programmes de surveillance de masse. Le CST, lui, insiste pour dire qu’il respecte scrupuleusement la Loi sur la protection de la vie privée, et estime que les fuites de M. Snowden minent les efforts du Canada pour lutter contre le terrorisme et autres menaces à la sécurité nationale.

«Le CST a constaté que nos cibles à l’étranger discutaient déjà des façons d’adapter leurs communications, à la suite de ce qu’ils ont appris grâce aux fuites», lit-on dans les notes de service. «Nos succès dépendent notamment du fait que nos cibles ignorent nos méthodes et notre technologie.»

Un expert en renseignement à l’Université d’Ottawa admet que les inquiétudes du CST sont fondées, mais il est difficile, selon lui, de vérifier jusqu’à quel point ces fuites nuisent réellement aux opérations. Wesley Wark doute même que les révélations aient poussé des criminels et d’autres espions à modifier leurs pratiques.

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