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CAP Harper: le PM devait savoir, affirme LeBlanc

OTTAWA – Le premier ministre Stephen Harper était probablement l’un des «architectes» du comité d’action politique (CAP) qui portait son nom, suggère le leader parlementaire du Parti libéral du Canada (PLC) — une accusation que dément catégoriquement le Parti conservateur.

Selon Dominic LeBlanc, il est impensable que les personnes à l’origine du CAP Harper aient mis celui-ci sur pied sans la permission du chef conservateur, qui a la réputation de gérer étroitement ses dossiers.

«L’idée que celui qui contrôle toutes les décisions dans le gouvernement et qui gère sa propre campagne dans tous les détails n’a pas donné son consentement à la formation de ce CAP-là est ridicule, d’après moi», a-t-il affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne.

Dominic LeBlanc a dit croire «sincèrement» que Stephen Harper a été «l’un des architectes» de cette initiative, et qu’il cherche en fait à importer au Canada ce modèle américain.

«Aux États-Unis, l’impact des CAP, le ‘soft money’ comme on l’appelle, est énorme. Et il n’y a pas de doute que M. Harper cherche à copier des éléments d’une culture électorale qui franchement, d’après moi, n’a jamais eu vraiment d’appuis au Canada», a-t-il soutenu.

Invité à commenter ces allégations, Stephen Taylor, le porte-parole du CAP Harper — qui a abruptement été dissous la semaine dernière quelques jours après sa création — s’est refusé à tout commentaire, lundi.

De son côté, le porte-parole du Parti conservateur, Kory Teneycke, a nié que le chef conservateur aurait pu être impliqué dans la démarche.

«C’est absolument absurde et faux» de le prétendre, s’est-il contenté de déclarer à La Presse Canadienne, lundi.

Le Harper PAC a fermé boutique et remboursé ses donateurs peu après que M. Teneycke eut affirmé que la formation politique n’était pas en accord avec la démarche.

En entrevue avec le FM93, jeudi passé, M. Harper s’est dit «un peu» préoccupé par la montée des tiers partis comme le CAP Harper et Engage Canada, lequel amasse de son côté des fonds pour financer une campagne préélectorale de publicités anticonservatrices.

Ce n’est pas suffisant aux yeux du professeur au département de science politique de l’Université Laval, Thierry Giasson, qui voudrait voir le premier ministre condamner ces initiatives de manière beaucoup plus vigoureuse.

Car ce type d’organisation «amène une politique qui n’est pas canadienne» et une «façon de faire de la politique qui ne nous ressemble pas», a-t-il lancé en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«Je trouve aberrant que le premier ministre ne se dissocie pas de ce groupe-là et ne dise pas que ces gens-là violent profondément l’esprit de la loi électorale (au chapitre des dépenses)», a soutenu M. Giasson, critiquant du même souffle la timidité de la réaction d’Élections Canada.

Le directeur général des élections du Canada, Marc Mayrand, a fait preuve d’une certaine réserve lorsque La Presse Canadienne l’a invité à commenter l’arrivée en scène de tiers partis comme le CAP Harper et Engage Canada.

«Évidemment, ce qui a beaucoup frappé, c’est le nom et le fait qu’on ait mis PAC au bout (du nom en anglais). Évidemment, on pense tout de suite au système américain», a-t-il convenu en entrevue téléphonique vendredi dernier.

Mais «dans une démocratie, c’est normal que les gens veuillent s’exprimer, faire valoir leurs idées. C’est la nature même d’une démocratie», a-t-il poursuivi.

À l’heure actuelle, aucune règle n’encadre les dépenses des tiers partis pendant la période préélectorale — seules celles qui sont réalisées en campagne électorale sont soumises à une réglementation.

«On va voir à l’usage si effectivement, il y a lieu de modifier nos règles», a exposé M. Mayrand.

Selon le ministre d’État à la Petite entreprise, Maxime Bernier, il n’y a pas encore lieu de réglementer le tout, du moins pas pour l’instant.

«Si ces groupes-là ramassent de l’argent (…) pour faire une campagne sur un sujet qui leur tient à coeur et ça adonne qu’ils fassent cette campagne-là avant le déclenchement d’une campagne électorale, la liberté d’expression doit peut-être prédominer», a-t-il analysé.

«Mais est-ce que si jamais dans le futur, ces groupes-là exagèrent ou ça outrepasse le gros bon sens, peut-être qu’il faudrait se poser la question de réglementer ça. Mais au moment où on se parle, moi, je ne vois pas la nécessité de le faire», a poursuivi le député beauceron.

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