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La banque centrale baisse son taux directeur

OTTAWA – La Banque du Canada a abaissé mercredi son taux d’intérêt directeur et révisé à la baisse ses prévisions pour l’économie, prédisant même une contraction de l’activité au deuxième trimestre de l’année, ce qu’elle a attribué à l’impact du plongeon des prix du pétrole et à la décevante performance des exportations.

La banque centrale a réduit son taux de financement à un jour d’un quart de point de pourcentage, à 0,5 pour cent.

Selon la Banque du Canada, la révision à la baisse de ses prévisions économiques est attribuable à trois facteurs: la réduction des plans d’investissement des producteurs de pétrole canadiens, le ralentissement de la croissance en Chine et le déclin des exportations non liées aux ressources naturelles — une tendance qu’elle a qualifiée de «difficile à expliquer qui mérite qu’on s’y penche davantage».

«Les développements économiques mondiaux ont été assez décevants», a noté le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, lors d’une conférence de presse.

Avec sa réduction du taux d’intérêt directeur, la Banque du Canada espère donner un coup de pouce à l’économie en rendant moins dispendieux les emprunts d’argent pour les consommateurs et les entreprises.

TD Canada Trust a réagi mercredi en réduisant son propre taux préférentiel de 10 points de base, à 2,75 pour cent, à compter de jeudi. Cette décision réduira le coût des prêts liés au taux directeur, notamment les taux hypothécaires à taux variable et les lignes de crédit.

Possible récession

Une contraction de l’activité économique au deuxième trimestre signifierait que le pays est tombé en récession pendant la première moitié de l’année, mais la Banque du Canada n’a pas voulu prononcer ce mot.

«Je ne vais pas m’engager dans un débat au sujet de la façon dont nous pourrions appeler ça», a affirmé M. Poloz. «Il n’y a aucun doute que nous nous retrouvons dans une légère contraction.»

L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, a indiqué que la question de savoir si la banque centrale réduirait ou non son taux directeur mercredi avait été perçue comme un lancer de dés par les économistes.

«Passant outre les inquiétudes au sujet d’un marché de l’habitation en surchauffe, du recul du dollar canadien près d’un creux pour la décennie et d’une inflation de base qui se maintient au-dessus de deux pour cent, la banque se concentre davantage sur le coup porté à la croissance en raison du choc pétrolier et sur l »étonnante’ faiblesse de la portion de l’économie qui n’est pas liée à l’énergie», a écrit M. Porter dans une note à ses clients.

«Même si nous ne croyons pas que les nuages économiques vont se dissiper immédiatement, nous sommes d’avis que les conditions vont s’améliorer assez pour les laisser en suspens pendant le reste de l’année.»

Dans son Rapport sur la politique monétaire, la Banque du Canada prévoit que l’économie se sera contractée au rythme annuel de 0,5 pour cent au cours du deuxième trimestre, alors qu’elle misait en avril sur un croissance de 1,8 pour cent pour ces trois mois.

Ce recul survient alors que l’économie s’est déjà contractée au rythme annuel de 0,6 pour cent pendant les trois premiers mois de l’année, alors que la banque centrale s’attendait à un trimestre stable.

Reprise au 3e trimestre?

La banque prévoit maintenant que le PIB croîtra à un rythme annuel de 1,5 pour cent au troisième trimestre, puis de 2,5 pour cent dans les trois derniers mois de l’année. Elle prévoyait précédemment des croissances de 2,8 pour cent et 2,5 pour cent pour les troisième et quatrième trimestres, respectivement.

Pour l’ensemble de 2015, la Banque du Canada prévoit que le PIB réel du Canada progressera de 1,1 pour cent, comparativement à une prévision précédente de 1,9 pour cent. Elle s’attend à une croissance de 2,3 pour cent en 2016, en regard d’une prévision précédente de 2,5 pour cent.

«Les faits ont changé assez rapidement dans les deux ou trois derniers mois», a fait remarquer M. Poloz.

La banque centrale estime que plusieurs facteurs permettent d’envisager un retour à la croissance au troisième trimestre, en partie grâce aux chèques d’allocation pour enfants bonifiée qu’Ottawa doit envoyer plus tard ce mois-ci.

«Il importe de souligner que les exportations devraient renouer avec une croissance solide, à la faveur de l’amélioration continue de la demande américaine et d’un rebond des exportations de produits automobiles survenant à la suite de fermetures temporaires à des fins de réoutillage au début de l’année», indique la banque dans son rapport.

«Toutefois, les investissements des entreprises exerceront encore un effet modérateur, le secteur de l’énergie continuant de s’ajuster aux bas prix du pétrole.»

La Banque du Canada a estimé que les investissements dans le secteur du pétrole et du gaz naturel se contracteraient de près de 40 pour cent cette année, comparativement à sa prévision précédente, qui évoquait une contraction d’environ 30 pour cent.

La baisse du taux directeur de la banque centrale annoncée mercredi était la deuxième depuis le début de l’année.

La banque centrale avait pris tout le monde par surprise en réduisant d’un quart de point de pourcentage son taux directeur en janvier. Elle avait alors expliqué qu’il s’agissait d’une «assurance» pour atténuer l’impact du plongeon des prix du pétrole sur l’économie.

Cependant, l’économie canadienne s’est contractée pendant chacun des quatre premiers mois de l’année, ce qui a convaincu certains observateurs que l’économie était tombée en récession dans la première moitié de l’année.

Le Fonds monétaire international a sabré dans ses prévisions pour l’économie canadienne, la semaine dernière, et ne s’attend plus qu’à une croissance de 1,5 pour cent cette année, comparativement à la croissance de 2,2 pour cent qu’il entrevoyait précédemment.

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