Soutenez

Cette campagne sera la plus longue, chère, rude

OTTAWA – Stephen Harper devrait lancer dimanche une campagne électorale qui promet d’être historique.

La plus chère. La plus longue depuis 1872. La première pendant laquelle trois partis ont des chances de gagner au jour 1.

Cela étant, il est presque certain qu’elle sera aussi la plus virulente et vicieuse jamais vue. Tous les coups seront permis.

Et si Stephen Harper est réélu le 19 octobre, il sera le premier premier ministre depuis Wilfrid Laurier, en 1908, à gagner quatre mandats consécutifs.

Cet enjeu explique en partie pourquoi M. Harper déclencherait les 42es élections générales du Canada en plein week-end d’été, lançant une campagne-marathon de 11 semaines, plutôt qu’un typique sprint de cinq semaines.

Une clause méconnue de la réforme électorale des conservateurs, adoptée l’an dernier, permet aux partis et à leurs candidats de dépenser plus du double de la limite de 25 millions $ et 100 000 $, respectivement, qui s’appliquent jusqu’au 37e jour de campagne.

Le Parti conservateur étant le chef de file en matière de financement, cette limite rehaussée leur donnera un énorme avantage sur leurs rivaux moins fortunés.

D’après le directeur national du Parti libéral du Canada, Jeremy Broadhurst, cette campagne sera fort probablement du jamais-vu. Tous les partis devront, sur une très longue période, se bâtir un rythme, garder les bénévoles motivés et captiver les électeurs. Les partis plus pauvres devront trouver des façons créatives d’étendre leur budget.

De plus, ajoute M. Broadhurst, étant donné le ton déjà donné par les conservateurs, la campagne «a certainement le potentiel d’être l’une des plus méchantes» de l’histoire.

Le plan du Parti conservateur est déjà clair: utiliser son avantage financier pour bombarder les ondes de publicités négatives. Le message, dans lequel le parti affirme que le chef libéral, Justin Trudeau, n’est simplement pas prêt («just not ready» dans le message original) à être premier ministre, a été omniprésent sur les ondes télévisées et radiophoniques anglophones depuis plus de deux mois.

À la veille présumée de la dissolution du Parlement, les conservateurs ont pointé leurs canons vers le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, avec des attaques semblables le qualifiant de politicien carriériste et opportuniste. Ont-ils contribué à déplacer l’appui libéral vers le NPD ? Ils réagissent aussitôt en mettant des bâtons dans les roues de M. Mulcair.

Cela reflète bien la délicate guerre sur deux fronts que mènent les conservateurs. À un moment où l’économie a plongé et où les sondages démontrent que les deux-tiers de l’électorat veulent du changement, les conservateurs doivent modérer leurs attaques: s’ils dénigrent trop les libéraux, les deux-tiers qui cherchent du changement se rangeront derrière les néo-démocrates, et vice-versa.

Mais les deux partis d’opposition doivent aussi participer à cette guerre à trois. Chacun devra prouver que son parti est celui qui pourra chasser les conservateurs et apporter le changement. Si M. Harper gagne une minorité, ils feront face à la décision de former une coalition. S’il gagne une majorité, ils devront considérer la fusion pure et simple pour cesser de diviser le vote progressiste.

Durant cette campagne, ils se battront pour la victoire, mais aussi pour la survie de leur parti.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.