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Harper muet sur l'avenir de Ray Novak

OTTAWA – Ray Novak a-t-il toujours la confiance de Stephen Harper? La question — bien que posée au chef conservateur — demeure sans réponse, alors que l’affaire Duffy continue de s’imposer comme thème principal de la campagne électorale 2015.

De nouvelles preuves suggèrent que l’actuel chef de cabinet du premier ministre, Ray Novak, était au courant de l’existence du chèque de 90 000 $ versé par son prédécesseur Nigel Wright au sénateur Mike Duffy. Mais cela ne fait pas sourciller M. Harper.

Inlassablement, il esquive les questions et répète que seules deux personnes sont responsables dans ce scandale: M. Wright, qui a signé le chèque permettant au sénateur de rembourser des dépenses inappropriées à la chambre haute, et M. Duffy, qui l’a encaissé.

«Je ne vais pas faire des commentaires sur des choses qui sont devant les tribunaux actuellement», a dit mercredi M. Harper, impassible, en point de presse à London en Ontario.

«Il y a deux personnes qui, selon mon jugement, sont responsables: M. Duffy, qui n’a pas remboursé les contribuables pour des dépenses qui à mon avis ne peuvent être justifiées; et M. Wright, qui, même s’il a remboursé les contribuables, l’a fait sans mon autorisation et contre ma volonté», a dit le chef conservateur.

Mardi, la déposition à la police de Benjamin Perrin, ex-conseiller juridique de M. Harper, a été présentée au procès criminel de M. Duffy. On y apprenait que M. Novak connaissait l’existence du chèque, puisqu’il se trouvait dans une réunion avec M. Perrin au cours de laquelle il en a été question. Cela contredit directement la version offerte par les conservateurs pas plus tard que la semaine dernière.

Les appels au congédiement de M. Novak se sont rapidement fait entendre, notamment de la part des bloquistes et des libéraux.

«Qu’il démissionne ou qu’il soit renvoyé (…) peu importe, on ne veut plus qu’il soit là. M. Harper doit faire le ménage», a tranché le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

Les troupes de Justin Trudeau demandent par ailleurs que le Parti conservateur garde toutes les communications entre M. Novak et Nigel Wright et les remette à la Gendarmerie royale du Canada. M. Wright a en effet déclaré en cour avoir échangé des messages par Blackberry avec M. Novak il y a deux semaines.

«Les Canadiens ont besoin de savoir que le premier ministre et son bureau ont agi avec intégrité», a signalé M. Trudeau à Winnipeg.

«Et ce que nous avons vu de façon constante est que le premier ministre a refusé de prendre la responsabilité et, franchement, a refusé de dire la vérité aux Canadiens», a-t-il déploré.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a lui aussi tapé sur le clou. À ses yeux, «maintenant qu’on sait que M. Novak savait, on est capable de conclure que M. Harper savait bel et bien».

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Comme cela a été le cas tout au long du témoignage en cour de M. Wright, les annonces des chefs ont été considérablement éclipsées par le scandale.

Mercredi, M. Harper a profité de son passage à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante pour répéter l’une de ses promesses sur la réduction du fardeau bureaucratique pour les entrepreneurs.

M. Trudeau a pour sa part indiqué qu’il souhaitait amender le Code du travail fédéral afin que les employés puissent demander à leurs patrons plus de flexibilité dans leur horaire au bureau. Il a également promis des changements au congé parental, en proposant notamment la possibilité pour les parents d’étirer leurs prestations sur 18 mois. Le Québec ne serait pas touché par ces changements puisqu’il possède son propre système, le Régime québécois d’assurance parentale.

Quant à lui, M. Mulcair s’est s’engagé à investir dans les corps policiers pour permettre à 2500 officiers supplémentaires de patrouiller les rues du pays pour y débusquer les criminels.

S’il devient premier ministre, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) promet de remettre sur pied le Fonds de recrutement de policiers et d’y investir 250 millions $ sur quatre ans, puis d’y injecter 100 millions $ sur une base annuelle.

M. Mulcair s’est par ailleurs fait rattraper par une déclaration prononcée il y a 14 ans, alors qu’il était député de l’opposition au Parti libéral du Québec (PLQ), et dans laquelle il faisait l’apologie des mesures d’austérité imposées par Margaret Thatcher au Royaume-Uni. Une vidéo où on le voit, bras croisés, plaider «qu’un gouvernement ne devrait jamais avoir la prétention de pouvoir se substituer au marché privé» circule de façon virale sur Internet depuis mardi.

M. Mulcair n’a pas répondu de front à la question sur ce qu’il pense aujourd’hui de Mme Thatcher. Il a signalé avoir toujours cherché, au cours de ses 35 ans dans l’administration publique, à donner les meilleurs services possibles aux Canadiens.

«Il y a des choses qui marchent, il y a des choses qui ne marchent pas. Dans mon expérience, c’est mieux d’aller en faveur des choses qui fonctionnent. Alors mon expérience me commande de réduire les inégalités dans notre société en créant des programmes qui vont servir le public», a-t-il poursuivi.

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