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Une opposante de Joly en appelle du résultat

Photo: Archives / TC Media

OTTAWA — La désignation de Mélanie Joly comme candidate libérale dans Ahuntsic—Cartierville n’aura finalement pas été le dernier chapitre de la saga entourant cette investiture chaudement disputée.

L’une des candidates qui espérait porter les couleurs du Parti libéral du Canada (PLC), Grace Batchoun, a déposé mercredi sa demande d’appel auprès du parti — et le chèque de 1000 $ qui va avec.

Celle qui est arrivée en deuxième position dit entamer ce processus après avoir identifié, en compagnie de son entourage et de son avocat, «plusieurs irrégularités importantes» au lendemain du vote de dimanche soir, qui a dû se rendre à un troisième tour.

«Je n’avais aucun problème avec la défaite», mais «l’intégrité, la transparence, l’équité et la justice me tiennent profondément à coeur», a lâché d’entrée de jeu Mme Batchoun en conférence téléphonique, peu avant de faire parvenir ses documents aux instances du parti.

La première «irrégularité» en lice concerne le décalage entre le nombre de bulletins de votes comptabilisés à 16 h 30 sur une liste provisoire du PLC que la candidate dit avoir en sa possession, soit 1780, et la quantité de bulletins physiques dépouillés, c’est-à-dire 2065.

Grace Batchoun ne s’explique pas l’écart de 285 voix et estime qu’un nombre «maximum» de 50 à 60 personnes ont pu voter entre 16 h 30 et la fermeture des bureaux de vote, une quinzaine de minutes plus tard, selon les observations réalisées sur place.

Un autre problème relevé par l’équipe de la candidate défaite entoure la «désorganisation» constatée dans l’un des lieux où les militants libéraux d’Ahuntsic—Cartierville pouvaient choisir leur porte-couleurs, le Centre communautaire arménien de Montréal.

«Il y avait beaucoup de manque d’espace, il y avait des gens qui attendaient à l’extérieur. Au pire moment, la file d’attente était longue de 170 mètres. (…) Des gens ont attendu jusqu’à deux heures pour voter. Plusieurs ont dû quitter», a exposé Mme Batchoun.

«J’avais une très solide performance au Centre communautaire arménien (36 pour cent des voix contre 28 pour Mélanie Joly). Le manque de préparation du Parti libéral du Canada en ce lieu a fortement défavorisé ma campagne», a-t-elle poursuivi à l’autre bout du fil.

Pendant ce temps, au Collège André-Grasset, c’était Mélanie Joly qui faisait le plein d’appuis, obtenant la faveur de 58 pour cent des militants libéraux contre 15 seulement pour celle qui allait arriver en deuxième place.

L’écart entre le taux de participation «anormalement élevé» de 68 pour cent au Collège André-Grasset et de 34 pour cent Centre communautaire arménien de Montréal est donc considéré comme une autre anomalie par le camp Batchoun.

Dans la lettre qu’elle a fait parvenir mercredi au directeur principal des opérations du PLC, la candidate souligne qu’il est «étonnant de constater à quel point le pourcentage relatif du nombre de votes pour chacun des candidats est si différent entre les deux endroits».

Il y a donc «des raisons suffisantes de croire qu’il se soit produit a) un bourrage des urnes ou b) des votes en double ou c) des votes de personnes qui ne sont pas membres du PLC ou d) une combinaison de ces trois possibilités» au Collège André-Grasset, lit-on dans la missive.

Grace Batchoun a été coiffée au fil d’arrivée par Mélanie Joly dimanche soir. L’ancienne candidate à la mairie de Montréal a eu le dessus par 194 voix, un nombre inférieur aux 285 bulletins de vote qui séparent les deux femmes.

Rien n’oblige le PLC à entendre l’appel simplement parce qu’il a été déposé. Au parti, on a par ailleurs rappelé que Mme Joly demeurait la candidate désignée dans la circonscription montréalaise jusqu’à preuve du contraire.

«De notre côté, nous continuons de faire campagne», a signalé dans un courriel son attaché de presse, François Fournier, référant les questions sur l’appel en cours au parti.

L’arrivée de la candidate-vedette dans la course dans Ahuntsic—Cartierville avait fait grincer des dents certains de ses colistiers qui étaient en lice depuis plusieurs mois. Quelques-uns ont accusé le parti d’avoir contourné les règles des investitures ouvertes pour favoriser son élection.

Mme Batchoun a réitéré des suspicions en ce sens, rappelant que le PLC a tardé à fixer la date de l’assemblée d’investiture après que Mme Joly eut décidé de sauter dans l’arène, en février dernier.

«Je n’ai pas de problème à ce que M. Trudeau l’ait parachutée. S’il voulait la parachuter, qu’il la parachute. Mais ne nous faites pas travailler d’arrache-pied pendant un an à 30 degrés et moins 30 degrés Celsius», a-t-elle illustré.

Le PLC s’est toujours défendu d’avoir fait quoi que ce soit de contraire aux règles en vigueur, tout en signalant qu’il n’était pas «indifférent» face aux résultats des courses.

Mélanie Joly connaît le chef libéral Justin Trudeau depuis plusieurs années; elle a été l’une des organisatrices de sa course à la direction du PLC en avril 2014. Elle bénéficiait du soutien affiché du chef, une réalité avec laquelle son adversaire dit avoir composé sans rechigner.

«Je n’ai aucun problème avec le favoritisme. Mais tu ne peux pas dire en même temps que ça va être une investiture équitable et ouverte», a laissé tomber Mme Batchoun, disant espérer que le parti entendra son appel.

Le PLC n’a pas retourné les nombreux appels de La Presse Canadienne, mercredi. Il a donc été impossible de savoir quelles sont les données qui figurent sur le relevé final officiel du scrutin dans Ahuntsic—Cartierville.

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