Les éducatrices en garderies publiques déplorent la croissance du privé
La Fédération des intervenantes en petite enfance (FIPEQ-CSQ) a accusé dimanche le gouvernement du Québec de démanteler le réseau des garderies publiques au profit du privé.
Le nombre de places en garderies non subventionnées a littéralement explosé depuis 2009, passant de moins de 7000 à 52 000 en mars 2015. Selon la FIPEQ-CSQ, cette prolifération serait notamment due à la bonification des crédits d’impôts accordés aux parents qui placent leurs enfants en garderie non subventionnée, qui varie de 26% à 75% en fonction des revenus. Selon les données du gouvernement du Québec, ces crédits d’impôts ont coûté 589 M$ au gouvernement en 2014.
La FIPEQ-CSQ croit que ces fonds devraient plutôt être investis dans le réseau public, où le nombre de places a comparativement très peu augmenté. Le réseau fait par ailleurs face à des compressions de 74 M$ cette année et à une modulation des tarifs qui se traduit par une hausse pour plusieurs parents.
«C’est choquant de voir à quel point la ministre et son gouvernement semblent avoir un parti pris pour les entreprises privées, a dénoncé Kathleen Courville, présidente de la FIPEQ-CSQ. Nos membres reçoivent ça comme du mépris envers le travail qu’elles effectuent quotidiennement auprès des tout-petits.»
Mme Courville estime que le virage vers le privé se fait au détriment des familles, les services y étant selon elle de moins bonne qualité.
La ministre de la Famille Lucie Charlebois travaille au contraire à assurer la pérennité du réseau public, a rétorqué son attachée de presse Léa Nadeau. «Nous allons créer 250 000 places subventionnées d’ici les prochaines années, majoritairement en CPE», a indiqué Mme Nadeau par courriel.
Il n’a pas été possible de parler à un représentant de l’Alliance québécoise des garderies privées non subventionnées (AQGPNS). Toutefois, dans son mémoire présenté à la Commission de révision des programmes à l’automne dernier, l’AQGPNS préconisait de subventionner tout le réseau des garderies au Québec par des subventions aux parents plutôt qu’aux établissements.