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Kenney fait une distinction entre vote et citoyenneté

QUÉBEC — Le ministre sortant de la Défense, Jason Kenney, considère que l’exercice du droit de vote ne peut être considéré au même titre qu’une cérémonie de prestation de citoyenneté.

M. Kenney a affirmé lundi qu’un citoyen pose un geste privé lorsqu’il vote, alors qu’il fait plutôt une déclaration publique en recevant la nationalité canadienne, ce qui nécessite d’avoir le visage découvert.

«Un vote n’est pas une cérémonie, le vote est fait de façon privée, a-t-il dit lors d’une conférence de presse. La cérémonie de citoyenneté est une cérémonie dans une cour, devant un juge et vos concitoyens, c’est une déclaration essentiellement publique.»

À ses côtés, le ministre sortant de la Sécurité publique, Steven Blaney, a affirmé que la priorité des conservateurs est de déposer rapidement un projet de loi sur l’obligation de prêter serment à visage découvert lors des cérémonies de citoyenneté.

«Pour nous, la mesure la plus importante, c’est de réaffirmer l’importance de prêter serment à visage découvert, a-t-il dit. (…) Pour le moment, on se concentre sur le serment de citoyenneté.»

En 2007, les conservateurs s’étaient engagés à interdire le vote à visage couvert mais ils avaient fait marche arrière en février 2014, au moment de réformer la loi électorale.

Selon M. Blaney, les conservateurs ont pris cette décision par souci de cohérence, étant donné les diverses formes d’exercice du vote.

«La raison pour laquelle le vote a été adopté tel qu’il l’a été fait, c’est qu’on doit tenir compte des différentes manières dont il est possible de voter et d’avoir une cohérence et ne pas juste faire un geste d’éclat à des fins partisanes, émotionnelles ou carrément qui ne sont pas cohérentes, a-t-il dit. Puisqu’on peut voter par correspondance, il y a différentes façons de voter, alors c’est la raison pour laquelle la loi a été ainsi faite dans la réforme.»

M. Kenney a précisé que «la porte n’est pas fermée» à un projet de loi qui obligerait le vote à visage découvert, mais il a insisté sur les mesures d’identification qui ont été ajoutées par les conservateurs dans les bureaux de scrutin où des citoyens se présenteraient avec le visage voilé.

«Un vote est quelque chose de privé, secret, a-t-il dit. Ce n’est pas nécessaire d’être présent physiquement pour voter.»

En décembre 2007, au Québec, le gouvernement du premier ministre Jean Charest avait adopté une loi interdisant le vote à visage couvert.

Par ailleurs, M. Kenney a accusé ses adversaires libéraux et néo-démocrates de vouloir permettre à des terroristes qui détestent le Canada de rôder à nouveau dans les rues du pays lorsqu’ils sortiront de prison.

Selon le ministre conservateur, les chefs néo-démocrate Thomas Mulcair et libéral Justin Trudeau sont déconnectés parce qu’ils veulent abolir une loi qui permet de révoquer la citoyenneté canadienne de Canadiens reconnus coupables de terrorisme.

M. Kenney a affirmé qu’il avait appris récemment que la citoyenneté du chef d’un groupe terroriste qui ciblait Toronto, Zakaria Amara, avait été révoquée à la suite de l’adoption d’une nouvelle loi par les conservateurs au printemps dernier.

«J’ai été informé par des reportages médiatiques mais le gouvernement a confirmé leur véracité», a-t-il dit.

M. Kenney a affirmé qu’avec la loi C-24, Zakaria Amara, qui détient la citoyenneté jordanienne, sera déporté dès sa libération, contrairement à ce qui se passerait si les néo-démocrates ou les libéraux sont au pouvoir.

«M. Trudeau et M. Mulcair ont promis d’abolir le projet de loi C-24, qui signifie que s’ils prennent le pouvoir le 19 octobre, le terroriste reconnu coupable Zakaria Amara sera libre de rôder dans nos rues et de voyager avec un passeport canadien, ce que je trouve épouvantable», a-t-il dit.

Selon M. Kenney, M. Amara, qui purge une peine de prison après le démantèlement de son réseau, hait le Canada et avait l’intention de tuer des centaines ou des milliers de Canadiens en commettant des actes terroristes avec ses complices.

«Il déteste notre pays au point où il était prêt à tuer des centaines, peut-être des milliers de Canadiens, a-t-il dit. Pour la grande majorité des Canadiens, sa volonté, qui a été confirmée par une cour canadienne, représente un rejet de sa citoyenneté et la nouvelle loi que nous avons mis en place le reconnaît.»

M. Kenney a dénoncé «une campagne de peur» des libéraux et des néo-démocrates, qui laissent entendre que des citoyens ayant deux nationalités pourraient perdre leur citoyenneté canadienne en cas de délits.

«Selon les fonctionnaires fédéraux qui ont analysés les dossiers, moins de 30 personnes pourraient perdre leurs citoyenneté», a-t-il dit.

La révocation de la citoyenneté n’est possible qu’en cas d’actes terroristes graves, d’acte de guerre contre le Canada et d’actes de haute trahison, a indiqué M. Kenney.

Alors que M. Trudeau a accusé les conservateurs de réserver un traitement différent aux Canadiens selon l’endroit où leurs parents sont nés, M. Kenney a affirmé que le Canada était lié par une convention des Nations unies empêchant de déposséder de leur statut les citoyens ne disposant que d’une seule nationalité.

«Il n’y a pas une citoyenneté à deux vitesses, tous les citoyens sont gouvernés par les mêmes lois de citoyenneté, a-t-il dit. Cela étant dit, selon les conventions, nous ne pouvons pas faire de quelqu’un un apatride.»

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