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L’humour a sa place en politique

HALIFAX — L’humour et la dérision ont bien leur place au cours de la longue campagne électorale fédérale de 2015.

Un exemple parmi plusieurs autres: le Parti rhinocéros. La formation, qui a connu ses meilleurs résultats aux élections générales de 1980 en obtenant 110 597 votes, présente une quarantaine de candidats dans quatre provinces.

Le parti continue de se vouloir satirique. Il se moque des formations sérieuses en présentant des promesses farfelues comme l’établissement d’une loterie qui donnerait au vainqueur un siège au Sénat.

«En 2015, il est important (que nous soyons présents). D’une part, il y a ceux qui font et disent ce qu’ils veulent à Ottawa; de l’autre, il y a tant de gens qui se fichent de la politique», dit le chef du parti, Sébastien Corriveau, qui se présente dans la circonscription de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques.

Les électeurs sont de plus en plus désabusés, et les Rhinocéros le savent bien. «Il y en a qui ne se fichent pas que vous vous en fichiez», affirme-t-il.

Il ajoute que les efforts du Parti rhinocéros sont appréciés des Canadiens: «La plupart rigole et nous encourage vraiment».

Deuxième exemple: Wyatt Scott.

Entre des images le montrant en train de voler sur le dos d’une outarde, de tuer un dragon ou d’éliminer un robot géant, Wyatt Scott, qui se décrit comme une personne sérieuse et un patriote, a brièvement résumé ses intentions politiques.

«Je suis un candidat indépendant et je me présente pour me battre pour le Canada», a déclaré celui dont la vidéo a été vue plus de 1,4 million de fois sur le site YouTube.

M. Scott se présente à titre de candidat indépendant dans la circonscription de Mission-Matsqui-Fraser Canyon en Colombie-Britannique. Selon lui, les Canadiens méritent bien de ricaner au cours de cette longue, très longue campagne.

«Si on prend tout trop au sérieux, on risque de se retrouver dans le champ», affirme-t-il.

Et puis, qui prend les politiciens au sérieux, s’interroge-t-il.

Le professeur de sciences politiques de l’Université Saint-François-Xavier, en Nouvelle Écosse, Jim Bickerton, a une réponse facile: les politiciens.

Selon lui, il y avait de la place sur la scène fédérale pour l’humour et les partis marginaux comme les Rhinocéros ou le Parti marijuana dans les années 1970 et 1980 alors que les principaux partis se ressemblaient tous. Aujourd’hui, l’opinion est plus polarisée. «De nos jours, c’est surtout la peur qui motive les politiciens. Ils craignent de commettre des erreurs, de ne pas être pris au sérieux, d’être ridiculisés par leurs adversaires. Cela explique en grande partie pourquoi ils hésitent à se moquer d’eux-mêmes ou à se laisser voir moins sérieux qu’ils ne le sont en réalité même si je crois que l’électorat l’apprécierait.»

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