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Mulcair reproche à Trudeau de le cibler

OSHAWA, Ont. — Thomas Mulcair interpelle directement Justin Trudeau en le sommant de s’en prendre à Stephen Harper plutôt qu’à lui. Et l’animosité qui s’installe entre les chefs néo-démocrate et libéral pourrait rendre bien difficile une collaboration dans un éventuel gouvernement minoritaire.

À six jours du vote, les troupes de M. Mulcair et celles de M. Trudeau continuent de se disputer les mêmes électeurs: ceux qui veulent se débarrasser à tout prix du gouvernement conservateur. Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) cherche à s’imposer comme figure du changement en multipliant les attaques contre le premier ministre sortant et en reprochant au chef libéral de ne pas faire de même.

Pour s’en prendre à M. Trudeau sans le faire de front, M. Mulcair lui a donc décoché une flèche par ricochet en affirmant mardi que le chef libéral «l’attaque plus qu’il n’attaque Stephen Harper».

«Je mets M. Trudeau au défi de commencer à s’en prendre à Stephen Harper. Mon adversaire numéro 1, dès le premier jour, la personne que je dois battre et remplacer, c’est Stephen Harper», a-t-il lancé dans un point de presse à Oshawa.

Son dégoût pour le chef conservateur est tel qu’il s’est engagé, si un gouvernement conservateur minoritaire devait être élu le 19 octobre, à le défaire à la toute première occasion. À ses yeux, le bilan de M. Harper sur l’emploi, l’économie et l’environnement est trop sombre pour qu’il bénéficie d’une autre chance.

Et même en oubliant ce bilan, le discours des deux derniers mois de M. Harper — discours qui «divise» les Canadiens «au niveau de la race, de la religion, de la culture, de l’origine ethnique» — lui prouve qu’il faut absolument que le pays passe à autre chose.

«Moi, je dis très sincèrement que cet homme-là, son temps est révolu. Il est temps de mettre Stephen Harper à la porte et, oui, je vais le faire à la première occasion», a-t-il ajouté.

Coalition ou élections?

Mardi, M. Trudeau s’est lui aussi engagé, dans la même éventualité d’un gouvernement conservateur minoritaire, à ne pas s’abstenir comme ses prédécesseurs l’ont souvent fait et à voter contre M. Harper dès qu’il le pourrait.

«Il n’y a aucune circonstance envisageable dans laquelle je pourrais soit lui donner mon appui ou même me croiser les bras pour lui permettre de continuer d’être premier ministre», a-t-il signalé à Toronto.

Le chef bloquiste Gilles Duceppe a lui aussi répété qu’il n’appuierait pas M. Harper, qui, en conséquence, ne pourrait tout simplement pas gouverner s’il remportait un gouvernement minoritaire le 19 octobre.

Deux scénarios se profileraient dans ce cas à l’horizon: une coalition ou de nouvelles élections.

Or, M. Mulcair estime qu’il est plus à même de travailler avec les autres que M. Trudeau, qui continue de fermer la porte à une coalition. «Il va aussi loin que dire qu’il pourrait travailler avec notre parti mais qu’il ne pourrait jamais travailler avec moi. Jamais je ne personnaliserai la chose comme cela», a-t-il ajouté.

«Les Canadiens qui veulent du changement et veulent un parti aux antécédents marqués par le travail avec les autres savent qu’il n’y a qu’un seul parti qui peut faire les deux, et c’est le NPD», a-t-il tranché.

Dans un tel contexte, si les néo-démocrates et les libéraux n’arrivaient pas à s’entendre pour former un gouvernement de coalition, le pays pourrait bien être replongé en élections à très court terme.

M. Mulcair a toutefois insisté sur le fait qu’il espérait ne pas vivre cette situation et préférait battre les conservateurs aux urnes. Car bien que les sondages récents le place en troisième position, derrière MM. Trudeau et Harper, M. Mulcair ose malgré tout rêver d’une majorité.

«Mon travail, entre maintenant et le 19 octobre, est de m’assurer que nous obtenions un gouvernement majoritaire du NPD, stable et fort», a-t-il soutenu plus tard dans la journée, en conférence de presse aux côtés de l’ex-reporter de la chaîne Al-Jazira Mohamed Fahmy.

Québec: rien pour acquis

M. Mulcair continue de croire que la vague orange de 2011 au Québec n’est pas asséchée et dit espérer que les progressistes du Québec soient rejoints par ceux du reste du pays. Il martèle depuis plusieurs jours qu’il n’est qu’à 35 sièges d’un gouvernement néo-démocrate. Cela ne peut être vrai que s’il conserve les comtés remportés en 2011. Prend-il ainsi les Québécois pour acquis?

«Oh mon doux, non, a-t-il répliqué. Moi, je trouve que la démocratie est beaucoup trop précieuse pour que qui que ce soit se permette jamais de prendre quoi que ce soit pour acquis, surtout pas le vote des gens.»

À ses côtés, Mohamed Fahmy, récemment libéré d’une prison égyptienne, l’a chaleureusement remercié, ainsi que son député Paul Dewar, pour avoir soutenu sa cause aux Communes. Le journaliste qui compte s’établir en Colombie-Britannique pour y enseigner avait également rencontré M. Trudeau la veille. Il reproche à Stephen Harper de ne pas avoir utilisé tout son poids pour obtenir sa libération plus tôt.

Invoquant l’indépendance journalistique, M. Fahmy n’a pas voulu dire pour qui il allait voter. «Vous savez pour qui je ne vais pas voter, ça, c’est sûr!», a-t-il conclu en riant.

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