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Colis suspects: élus et médias visés

Lise Millette et Jean Philippe Angers - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Au moins 23 enveloppes contenant une poudre blanche, qui s’est finalement avérée sans danger, ont été envoyées à diverses personnalités publiques et divers immeubles, incluant les bureaux de Sherbrooke du premier ministre Jean Charest et de ministres provinciaux, mercredi.

Plus d’un colis contenaient une lettre, laissant croire à une menace, a dit l’agent Benoît Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec. Lors d’un bref point de presse tenu en soirée au Quartier général de la SQ, à Montréal, il a confirmé l’inscription du mot «Anthrax» et la signature, dans un certain nombre de cas, d’un groupe nommé «Forces armées révolutionnaires du Québec».

«La nature de la lettre qui a été mise à l’intérieur, et si elle a été recopiée manuscrite ou tapée à la dactylo sont des indices que nous allons récupérer. Des éléments parlent des Forces armées révolutionnaires (du Québec), mais pour établir un lien entre cet organisme qui existait dans les années 60 et ce qu’on retrouve aujourd’hui, il y a un bon bout de chemin à faire», a-t-il commenté.

Selon M. Richard, le nom fait référence à une organisation qui existait il y a près de 40 ans et qui avait des liens avec le Front de libération du Québec (FLQ), groupe révolutionnaire indépendantiste actif entre 1963 et 1970.

«C’est un groupe connu à la SQ, mais nous n’en avons pas entendu parler depuis au moins, je dirais, les 40 dernières années», a dit M. Richard.

Le porte-parole de la SQ a aussi fait état d’images prises par des caméras de surveillance à Sherbrooke, Québec et en Montérégie.

«Nous allons voir si nous pouvons identifier des individus qui pourraient être impliqués», a-t-il affirmé.

Des échantillons de la substance ont également été envoyés à Santé Canada afin d’en savoir plus.

«Les premières expertises nous laissent croire qu’il n’y a pas de menace biologique. Il faudra attendre l’analyse de Santé Canada pour enlever tout soupçon de risque pour la santé publique. On a pu déterminer que les produits ne présentent pas de danger immédiat à l’air libre. On ne peut pas exclure que cette poudre, une fois ingérée, soit dangereuse», a expliqué M. Richard.

La SQ enquête sur une douzaine de dossiers qui sont «similaires» aux 11 de Montréal, principalement à Sherbrooke, Québec, en Montérégie et à Laval.

«Les enveloppes ont été envoyées principalement dans des bureaux de circonscriptions, ou de médias», a dit l’agent.

La SQ enquête car il pourrait y avoir des «motifs de sécurité pour des responsables du gouvernement».

Les enveloppes ont été envoyées en Montérégie — au Lac-Brome, à Hemmingford, Châteauguay, Saint-Clet — en plus de deux à Sherbrooke, deux à Laval et quatre à Québec.

En plus des bureaux de M. Charest, ceux des ministres Michelle Courchesne (Éducation), Jean-Marc Fournier (Justice), Yves Bolduc (Santé), Christine St-Pierre (Culture et communications), Monique Gagnon-Tremblay (Relations internationales), Pierre Arcand (Développement durable) et du député Gerry Sklavounos avaient fait l’objet d’opérations policières, mercredi matin à Laval, Montréal, Québec et Sherbrooke.

Outre les bureaux politiques, l’immeuble de Loto-Québec abritant les bureaux de la Conférence des recteurs des universités du Québec (CRÉPUQ), ceux du Conseil du patronat, les locaux du réseau TVA, un autre immeuble de Quebecor au centre-ville de Montréal, les locaux du quotidien La Presse et ceux de la radio Pirate à Québec ont été visés.

L’enquête est menée par le Groupe anti-terroriste de la Sûreté du Québec.

On savait d’autres sources que sur certaines feuilles contenues à l’intérieur des enveloppes, le mot «Anthrax» était inscrit. Ceux qui ont ouvert la lettre n’ont pas complété la lecture.

Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) n’a pas non plus voulu donner de détails sur ce qui était écrit, soutenant qu’une enquête était en cours et que le message constituait un élément de preuve.

Dans certains des endroits ciblés, les policiers ont procédé à des évacuations. Des pompiers et des ambulanciers ont aussi été mis à contribution.

À Montréal, le SPVM a confirmé qu’il s’agissait d’une menace non fondée. Dans au moins un cas, il s’agissait de bicarbonate de soude.

Urgence-Santé a confirmé que des personnes ont été placées en isolation, mais personne n’a été transporté à l’hôpital.

«Des personnes ont été mises en isolement, mais aucune n’a fait l’objet d’un transport vers l’hôpital», a indiqué Robert Lamle d’Urgence-Santé.

Même si la substance s’est avérée inoffensive, la procédure habituelle en présence de poudre possiblement dangereuse a déclenché le protocole de décontamination usuel.

Le premier ministre Charest n’a pas commenté cet incident.

Son cabinet a confirmé que des employés du bureau ont ouvert l’enveloppe qui, outre la poudre, contenait aussi une lettre d’avertissement quant au contenu de l’enveloppe, identifié comme étant dangereux.

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