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Québec veut adapter l'immigration à l'emploi

QUÉBEC – La ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, a réaffirmé mercredi son ambition d’arrimer l’immigration aux besoins du marché du travail, sans toutefois dévoiler toutes les facettes de sa stratégie.

Elle a déposé un projet de loi en ce sens à l’Assemblée nationale, ce qui, selon elle, constitue le «premier jalon» de sa «vaste réforme» déjà annoncée et qui pourrait entrer en vigueur dans les «premiers mois» de 2017.

«Nous travaillons très fort sur les compétences, a-t-elle affirmé, en point de presse. Ce n’est pas parce qu’un (candidat) détient un doctorat dans un domaine quelconque que c’est (automatiquement) un candidat de choix.»

Parmi les candidats ayant présenté une déclaration d’intérêt, Québec désire sélectionner ceux ayant déjà une offre d’emploi validée, un profil professionnel en demande ainsi qu’une reconnaissance totale ou partielle de leurs compétences.

Selon Mme Weil, la plupart de ces candidats sont actuellement des étudiants venus de l’extérieur ainsi que des travailleurs étrangers.

«C’est une voie très intéressante pour l’immigration, a-t-elle dit. Ils ont déjà un emploi et maîtrisent le français.»

Néanmoins, la ministre de l’Immigration n’a pas dévoilé clairement l’ensemble des modalités visant à confirmer les compétences détenues par les candidats concernés.

Sa réponse a été similaire lorsqu’elle a été questionnée quant à savoir si la réforme proposée entraînerait une augmentation à terme du nombre d’immigrants ainsi qu’un changement en ce qui a trait à leur lieu d’origine.

«Nous ne sommes pas encore prêts pour annoncer cela, a répondu Mme Weil. C’est très technique. Nous avons beaucoup de monde autour de la table.»

Questionnée, elle a affirmé que cet enjeu serait discuté et qu’il ferait partie de la politique en matière d’immigration qui doit être dévoilée au cours de la prochaine année.

En 2015, le nombre total des nouveaux arrivants devrait osciller entre 48 200 et 50 800 personnes, selon le plus récent Plan d’immigration du Québec. Actuellement, l’Afrique constitue le principal bassin de recrutement de la province.

«Ce qu’on cherche va venir dans la politique ainsi que la stratégie d’action, a dit Mme Weil. On change nos façons de faire pour regarder partout dans le monde ainsi que pour avoir la diversité que l’on cherche.»

Si Québec désire mettre l’accent sur les compétences, la ministre de l’Immigration a assuré que les critères de sélection à l’égard de la maîtrise du français n’allaient pas devenir moins importants. À leur arrivée au Québec, un peu moins de la moitié des immigrants ne connaissent pas un mot de français.

En plus d’adapter l’immigration au marché du travail, le projet de loi permettrait également de réduire les délais du processus — actuellement évalués à trois ans — à environ six mois.

De plus, le gouvernement Couillard pourrait avoir un meilleur portrait des besoins en région en ce qui a trait à l’immigration si le projet de loi 70 déposé plus tôt cette année par le ministre Sam Hamad va de l’avant.

«Le fait d’avoir des portraits régionalisés des besoins et pénuries, c’est une première», a estimé Mme Weil.

Le projet de loi 77 prévoit également une mise à jour de plusieurs dispositions visant à encadrer davantage les activités des consultants en immigration afin d’éviter les fraudes et de protéger le public.

Dans le milieu des affaires, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) et Manufacturier et Exportateurs du Québec ont notamment salué cette réforme proposée, estimant qu’elle tenait compte des besoins de main-d’oeuvre en plus d’améliorer le processus de sélection des ressortissants étrangers.

Le CPQ a souligné que le taux de chômage des immigrants arrivés depuis moins de cinq ans est trois fois plus élevé par rapport à celui des personnes nées au pays, ce qui, à son avis, justifie un resserrement des critères de sélection.

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