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Légaliser le cannabis, un casse-tête

BERLIN, GERMANY - AUGUST 09: A participant smokes a marijuana joint while marching in the annual Hemp Parade (Hanfparade) on August 9, 2014 in Berlin, Germany. Supporters of cannabis legalization are hoping legalized sale in parts of the USA will increase the likelihood of legalization in Germany. The city of Berlin is considering allowing the sale of cannabis in one city district. (Photo by Sean Gallup/Getty Images) Photo: Getty Images

Selon une étude de la Banque CIBC, la légalisation de la marijuana promise par Justin Trudeau pourrait représenter des revenus de 3 G$ à 10 G$ par an. Mais cette mesure controversée sera très complexe à mettre en place, car elle implique plusieurs ministères et provinces. Voici un résumé de ses principales implications.

Santé
Si le cannabis thérapeutique, sévèrement encadré par des tests, a trouvé sa place dans la Santé, ce n’est pas le cas du cannabis récréatif. «La légalisation prévue pour les adultes laisse croire aux adolescents que c’est safe; ce n’est pas le cas», affirme Gabriella Gobbi, chercheuse en psychiatrie à McGill. «Consommer durant l’adolescence multiplie par quatre le risque de dépression à l’âge adulte», précise-t-elle. Hugô St-Onge, du Bloc Pot, présente plusieurs études prouvant le contraire et souligne que les chercheurs ont déjà dû revenir sur leurs affirmations à propos du cannabis et de la schizophrénie. «Le cannabis est le psychotrope le plus sécuritaire connu. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun risque, mais ils pourraient être aisément diminués par un programme d’éducation. La perception négative que nous avons du cannabis n’est basée sur aucune vérité scientifique, car les études sont faussées par l’utilisation de THC synthétique qui est plus psychotique que lorsqu’il est consommé sous forme naturelle et leur financement provient d’organismes cherchant à justifier la prohibition», souligne-t-il.

Au volant

Close-up of a men driving and smoking joint

Faut-il instaurer un seuil de consommation de cannabis à partir duquel la conduite serait interdite? Selon M. St-Onge, il ne faut pas copier-coller le même modèle que l’alcool, car «si le cannabis est encore présent dans le corps deux jours après la consommation, il n’y a plus d’effets après deux heures». Il souligne que des tests effectués sur 10 automobilistes ont démontré que les conducteurs ayant fumé ne commettaient pas plus d’erreurs ou d’accidents que les autres (sauf une perte de la rapidité de freinage équivalente à 5 pieds en cas de forte consommation) car ils adoptaient notamment une conduite plus prudente. Mais des données compilées au Colorado par la Rocky Mountain High Intensity Trafficking Area tendent à prouver que commercialisation et légalisation du cannabis ont entrainé là-bas une hausse des accidents et des hospitalisations reliés à cette substance, et ce, sans occasionner de baisse de la consommation d’alcool. Selon une étude parue dans le New-England journal of Medicine, c’est la consommation de biscuits au pot qui pause le plus de problèmes car les effets ne se font pas sentir immédiatement, ce qui pousse les clients à forcer sur la dose.

 

Production
ACTU - Adam Greenblatt01Actuellement, 29 entreprises ont reçu l’accréditation de Santé Canada pour produire du cannabis thérapeutique. «Le niveau de sécurité est tellement énorme qu’il faut que chaque pouce carré de l’usine soit couvert par une caméra. Les dépenses de sécurité représentent près de 50% des coûts et limitent donc le marché aux gros joueurs», déplore le Bloc Pot. Selon Adam Greenblatt (photo), directeur de la clinique Santé cannabis, le gouvernement devra permettre l’autoproduction, au même titre que chaque Canadien le droit de faire pousser pour sa consommation personnelle 15kg de tabac par an. Ce dernier croit que la future réglementation ne devra pas bannir certains dérivés du cannabis comme par exemple le hachich à forte teneur en THC, sous peine d’encourager une forme de marché noir.

 

 

Distribution
ACTU - clinique sante cannabis05Il y a deux semaine, Pharmaprix a montré un intérêt pour la distribution de cannabis. Mis à part le Québec, plusieurs provinces songent aussi à utiliser leurs sociétés des alcools respectives pour encadrer la vente du cannabis et s’assurer notamment du respect des limites d’âge. Mais ce n’est pas l’avis de tous. «L’alcool et le pot sont deux substances très différentes. Il faudrait plutôt s’inspirer du modèle des cafés et ouvrir lieux qui vendraient essentiellement du pot sous toutes ses formes (huiles essentielles, pilules, crèmes, biscuits, etc.)», clame pour sa part le Bloc Pot. Ces lieux auraient des licences délivrées par une régie gouvernementale et les villes décideraient via leurs services d’urbanisme dans quels secteurs les commerces pourraient ouvrir. Une position partagée par Adam Greenblatt, qui croit que la mise en place de clubs avec inscription et vérification d’âge à l’entrée pourrait être instituée, à l’image du défunt café Marie-Jeanne en 2005.

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