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Le Québec essaie trop de mesurer la performance en santé, dit l’IRIS

Le Québec se base trop sur les indicateurs de performance pour orienter ses politiques en matière de santé, selon une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), publiée mercredi.

D’après les auteurs, Guillaume Hébert et Philippe Hurteau, tous deux chercheurs à l’IRIS, le gouvernement se penche plus sur des indicateurs «internes» – des mesures de la performance des employés du système de santé, comme le nombre de patients vus en une journée par un médecin, par exemple – que sur des indicateurs «externes», qui eux mesurent l’impact des politiques sur la santé des Québécois en général.

Selon eux, «l’obsession» du gouvernement pour les indicateurs internes relèvent d’une vision du système de santé basé sur le monde des affaires.

«Les indicateurs internes ne sont pas nécessairement mauvais, on en a besoin, mais c’est la façon dont on le fait qui est importante, affirme M. Hébert. On peut faire le meilleur et le pire. Ce qu’on fait en ce moment, ça se rapproche du pire.»

Le chercheur compare certaines campagnes «d’optimisation» des activités dans le système de santé aux théories de l’ingénieur Frederick Winslow Taylor, qui avait appliqué une rigueur scientifique pour mesurer tout mouvement des travailleurs d’usines américaines de la révolution industrielle pour améliorer leur rendement.

«Des indicateurs, des statistiques, des chiffres, évidemment, on en a besoin. Le problème présentement, c’est qu’on en fait une obsession. Et on oublie qu’un chiffre, ce n’est jamais parfait.» – Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS

Pour orienter ses politiques, le ministère de la Santé regarde moins des indicateurs difficilement mesurables, comme le temps consacré à une personne en deuil qui vient de perdre un membre de sa famille à l’hôpital, selon les chercheurs.

«Ces déterminants là sont souvent ceux qu’on néglige. C’est moins spectaculaire, par exemple, que de s’attaquer au temps d’attente dans les urgences», laisse-t-il tomber.

Le chercheur ajoute que le choix même d’indicateurs qu’on veut examiner ou améliorer découle souvent de l’idéologie. «C’est un choix politique. Ça va déterminer énormément de choses sur lesquelles on va se baser pour organiser le travail et sur les résultats qu’on va chercher à obtenir», illustre-t-il.

Par exemple, les chercheurs citent une étude d’un groupe de réflexion, qui prône une vision un peu plus commerciale du système de santé, qui plaçait les Québec au 5ième rang parmi les systèmes de santé des provinces canadiennes. En utilisant les mêmes données mais en les pondérant différemment, l’IRIS plaçait le Québec en 9ième position. Enfin, le Québec se retrouvait en 2ième position lorsqu’on regardait les mêmes indicateurs, mais en utilisant une autre source de données.

«Pour nous, aucun de ces palmarès ne représente la réalité. Tout ce que ça montre, ce que, dépendamment de qui fait le classement, on se retrouve avec de résultats différents. Il faut se méfier des palmarès», explique M. Hébert.

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