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Une étude sur l’avenir des médias à Ottawa

Journaux
Photo: Archives Métro

OTTAWA – Les journalistes devenus politiciens ont acquis une mauvaise réputation à Ottawa dans les dernières années notamment en raison du scandale des dépenses des sénateurs Mike Duffy et Pamela Wallin.

Les deux anciennes personnalités télévisuelles ont été nommées au Sénat par les conservateurs. Duffy est en attente d’un verdict dans son procès pour fraude, abus de confiance et corruption concernant la manière dont il a géré ses comptes de dépenses au Sénat tandis qu’une enquête sur Mme Wallin au sujet de son utilisation des fonds publics est en suspens.

C’est pourquoi un autre animateur devenu politicien a blagué à ce sujet, le mois dernier, lors d’une rencontre du comité permanent du patrimoine canadien.

«Les anciens animateurs sur la colline du Parlement… c’est une chose horrible, a lancé le député libéral Seamus O’Regan. Bientôt, ils vont aussi permettre aux avocats et aux professeurs de faire le saut en politique.»

M. O’Regan a fait cette remarque en discutant de la présence d’un autre ancien animateur sur le comité, le député conservateur Kevin Waugh.

Au même moment où M. O’Regan travaillait pour CanadaAM et ensuite pour CTV, M. Waugh couvrait les sports pour CTV en Saskatchewan, sa province d’origine.

Ils sont maintenant députés et mettent leur expérience professionnelle au profit du comité permanent du patrimoine canadien, qui se penche sur l’état des médias locaux au Canada.

L’étude s’est amorcée en février au coeur d’une vague de changements dans les salles de nouvelles canadiennes. Le comité tiendra au moins dix rencontres, mais a été inondé de demandes de gens désirant témoigner, ce qui pourrait prolonger le processus.

Ce qu’ils ont entendu jusqu’ici n’est pas encourageant: une décision de l’ancien gouvernement d’arrêter d’acheter des publicités dans les journaux locaux, par exemple, a fait en sorte que certaines publications ont vu leur budget être réduit de moitié. Trois stations radiophoniques locales de langue française n’ont plus les moyens de payer leurs employés. Depuis 2011, 20 quotidiens sur 122 ont fermé leurs portes, dont deux en 2016, selon une présentation faite au comité.

Le comité s’attarde aussi à des questions plus importantes à propos de l’avenir d’une presse libre au Canada et sur l’impact que les publications seulement électroniques ont sur le titre de journaliste ou sur les professionnels qui assurent la qualité et la véracité du contenu en ligne et en ondes.

La présidente du comité et députée libérale Hedy Fry a fait sourciller quelques personnes lorsqu’elle a demandé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) si des gens se chargeaient d’analyser si le contenu en ligne avait besoin d’être surveillé pour s’assurer de sa véracité.

Elle a précisé qu’elle ne suggérait pas de mettre un frein à la liberté d’expression, mais qu’elle cherchait à savoir si une loi imposait aux diffuseurs d’informations en ligne les mêmes normes imposées aux autres médias. Le CRTC n’a toujours pas répondu à la question.

Mme Fry ne sait pas ce que seront les conclusions de l’étude. L’intention est de soumettre un rapport avec des recommandations. Elle reconnaît toutefois que le monde des médias change quotidiennement.

«Entre le moment où nous avons amorcé l’étude et maintenant, les choses changent et nous ne savons pas ce qui va en ressortir», a-t-elle commenté.

Deux aspects importants pourraient faire changer l’horizon médiatique dans les prochains mois: l’étude du CRTC sur l’information locale, à savoir si les fonds à sa disposition pourraient être utilisés pour soutenir davantage l’industrie; et la promesse des libéraux d’injecter 150 millions $ par année dans les coffres de Radio-Canada. La contribution pourrait être annoncée aussi tôt que dans le budget de mardi.

M. Waugh voit des avantages au fait d’avoir d’anciens journalistes, comme lui et M. O’Regan autour de la table. Des témoins — surtout ceux provenant des départements gouvernementaux ou du CRTC — ne peuvent rien cacher, a-t-il dit, puisqu’ils sont au courant de la réalité des coupures et des changements technologiques.

Peu importe leur expérience, tous les députés siégeant sur le comité veulent proposer des solutions viables pour aider à soutenir l’information locale, a-t-il rappelé.

«En tant que parlementaires, la pire chose qui puisse nous arriver c’est que d’ici deux ans, on ait une grande annonce à la Chambre des communes, et qu’il n’y ait personne pour nous entendre», a-t-il dit.

«On se dirige vers ça.»

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